Un cycle annuel de rencontres

Les Conférences du Patrimoine

La Société organise chaque année un cycle de conférences qui permet aux chercheurs de partager les résultats de travaux réalisés dans les domaines de l'archéologie, de l'architecture et de l'art. Accessibles à tous et gratuites, elles sont organisées d'octobre à avril en collaboration avec les Musées de la Ville de Strasbourg.

Ces conférences ont lieu à Strasbourg le lundi de 18h30 à 20h l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain 1 place Hans Jean Arp 67000 STRASBOURG.

BUS 4 ou 10 : arrêt Art Moderne - Tram B ou F : arrêts Faubourg National ou Musée d’Art Moderne.

Entrée et libre et gratuite dans la limite des places disponibles



De l’espace urbain à l’intimité de la demeure : la peinture murale à Strasbourg autour de 1600

Le 14 mars 2024 à 18:00

Autour de 1600, Strasbourg était ornée de peintures, en grisaille ou en couleur, historiées, héraldiques ou ornementales, tant sur les façades des édifices publics que des demeures privées. Les décors intérieurs restent plus secrets et c’est principalement à la faveur de travaux de restauration que certains ensembles ont pu être dégagés. Des maîtres illustres tels que Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin sont évoqués dans les chroniques ou les archives. À l’hôtel des chanoines, le Bruderhof, Dietterlin est cité autour de 1575. Quelques années plus tard, son intervention est mentionnée dans la maison de l’Œuvre Notre-Dame, mais on peut également supposer celle de Stimmer pour le décor des façades connu à travers des relevés. En dehors des bâtiments officiels, de nombreux édifices privés ont reçu une parure colorée. La célèbre maison Kammerzell offre un témoignage indirect de ces peintures décoratives refaites d’après les traces conservées. Le mur-pignon du 9 rue Sainte-Hélène, ayant appartenu au peintre David Kandel, était revêtu d’un décor d’enroulements en grisaille jusqu’en 1992. Au 20 rue Hannong, un décor daté de 1612 a entraîné la dépose d’urgence du pignon, aujourd’hui conservé au Musée historique. Au 17 rue des Hallebardes, c’est à l’intérieur que se révèlent les vestiges du décor d’une vaste salle d’apparat. Les peintures ornementales du XVIe siècle ont été photographiées puis partiellement sacrifiées pour dégager celles, historiées, du XIVe siècle. Elles apparaissent comme une transposition des motifs peuplant les bordures d’encadrement de gravures de Solis ou de Stimmer, dont l’origine est le modèle de Cornelis Floris. Une autre salle d’apparat, 1 rue du Bouclier témoigne également de ce goût pour les baies ornées d’enroulements bleutés et de putti aux postures instables, de chutes et de festons. En dehors de ces décors essentiellement ornementaux, des compositions plus ambitieuses subsistent comme au 10 place de la cathédrale avec des peintures en grisaille illustrant le premier psaume, attribuées à Kandel autour de 1577-1580. Enfin, le 15 place de la Cathédrale conserve un ensemble inédit de remarquable qualité, mettant en scène l’amour et la fortune dans des tableaux inspirés par les livres d’emblèmes.

Fouiller ? Conserver ? Sauver ? Le service régional de l’archéologie face aux enjeux actuels de l’archéologie en Alsace

Le 08 février 2024 à 18:00

Plus de vingt ans après l’adoption des lois sur l’archéologie préventive, l’image du service régional de l’archéologie qui arrête les chantiers reste fortement ancrée dans les esprits, alors que ces fouilles dites de sauvetage sont devenues l’exception. En vingt ans, les acteurs, les méthodes et les objectifs de la discipline ont en effet considérablement évolué, tandis que les aménageurs ont dû se résoudre, progressivement, à composer avec les archéologues. L’importance prise par l’archéologie préventive est d’ailleurs devenue telle qu’on en oublie souvent qu’elle ne constitue qu’un des pans de la recherche archéologique, sauf en période estivale, où les fouilles programmées, dernier lieu de rencontre entre professionnels, étudiants et bénévoles, sont largement mises en avant par les médias. En Alsace, où, chaque année, de telles fouilles portent sur des sites datant du Paléolithique à la Seconde Guerre mondiale, elles rappellent ainsi le potentiel archéologique extraordinaire du territoire, qu’il soit enfoui, immergé ou en élévation. L’importance du tissu associatif témoigne par ailleurs de l’intérêt de la population pour le patrimoine, la question de sa conservation et de sa mise en valeur revenant fréquemment dans les débats, surtout lorsque on parle de patrimoine bâti : châteaux, maisons en pan de bois, sites liés aux conflits des XIXe-XXe siècles, etc. Le service régional de l’archéologie de la DRAC Grand Est, qui a pour mission d’assurer l’étude et la sauvegarde du patrimoine archéologique, ce qui englobe évidemment la lutte contre le pillage des sites, se voit souvent reproché d’en faire trop, mais aussi, parfois, pas assez ! Fouiller, conserver, sauver… Le SRA doit sans cesse faire des choix, qu’on essaiera de comprendre – et de discuter ! – à travers des exemples concrets.

Patrimoine rural, patrimoine industriel, patrimoine religieux… Les chantiers actuels de l’Inventaire en Alsace

Le 11 janvier 2024 à 18:00

L’Inventaire du patrimoine culturel est une compétence des Régions depuis 2004. Sa finalité consiste à recenser, étudier et faire connaître les éléments du patrimoine régional. Il est composé d’une équipe opérationnelle de recherche appliquée au territoire, comptant des chercheurs, des photographes, des cartographes géomaticiens, des documentalistes, des administrateurs de bases de données et du personnel administratif. En Grand Est, l’Inventaire est intégré au service Inventaire et Patrimoines de la Direction de la Culture, du Patrimoine et de la Mémoire. Il réunit une trentaine d’agents, répartis sur les quatre sites régionaux (Strasbourg, Metz Nancy, Châlons en Champagne). La programmation scientifique du service est définie annuellement. Elle vise à trouver le juste équilibre entre études territorialisées et études thématiques de dimension Grand Est, voire inter-régionales ou nationales. Les axes de cette programmation sont les suivants : patrimoine religieux, patrimoine de l’eau, monde du travail, paysages et territoire (études urbaines et ruralité), patrimoine de frontière et des conflits, patrimoine scolaire et universitaire. Ces six programmes de recherche sont conduits avec une attention particulière accordée à trois problématiques transversales : le lien entre patrimoine naturel et patrimoine culturel, le lien entre patrimoine matériel et immatériel, le patrimoine du XXe siècle. Cette présentation sera l’occasion de revenir sur les enjeux de la politique régionale en matière d’étude et de valorisation du patrimoine en prenant des exemples dans les opérations en cours en Alsace dont les sujets sont aussi divers que : le patrimoine ferroviaire, le patrimoine de l’abbaye de l’Oelenberg (68) et les objets religieux du Mont Saint-Odile (67), le patrimoine industriel de la vallée de Masevaux, le patrimoine rural des vallées vosgiennes (68), du pays de Hanau (67) et le patrimoine viticole. Cette intervention à plusieurs voix permettra de présenter l’équipe de recherche de Strasbourg et ses questionnements à une époque où l’étude et la protection du patrimoine bâti constituent un enjeu fort de la transformation du territoire régional.

Sur les traces des bornes et des chemins de contrebandiers. Retrouver la frontière franco-allemande de 1871

Le 07 décembre 2023 à 18:00

Avec la défaite française de 1871, une nouvelle frontière sépare la France de l’Allemagne, qui se voit déplacée du Rhin aux Vosges. La majeure partie de l’Alsace, une partie de la Lorraine, et plus d’un million et demi d’habitants passent sous le drapeau du Reich. Pendant près d’un demi-siècle, jusqu’à 1914, la vie quotidienne des populations, devenues frontalières, s’en trouve profondément transformée. C’est l’analyse du rapport concret des habitants à cette nouvelle ligne qui intéresse Benoit Vaillot. Comment la franchissent-ils, la contournent-ils, et s’en accommodent-ils ? De quelle manière en tirent-ils parti ou, au contraire, s’en désolent-ils ? Quelles sont leurs façons de la penser, de l’appréhender et de l’incorporer dans leur vie ? Quelles sont les stratégies déployées par ces acteurs locaux pour s’approprier l’espace aux confins franco-allemands ? La frontière franco-allemande entre 1871 et 1914 a constitué un véritable laboratoire. À bien des égards, elle porte en elle les germes des profondes transformations que connaîtront la souveraineté et l’identité nationale en Europe au cours du XXe siècle.

Comment l’Alsace protège son patrimoine ? Explication autour d’exemples de protections au titre des monuments historiques

Le 09 novembre 2023 à 18:00

La presse annonce il y a quelques mois la fermeture de l’ancienne Brasserie de L’Espérance à Schiltigheim : comment protéger ce site alors même que le nouveau contexte économique et social va bouleverser la définition de ce haut-lieu de la brasserie alsacienne ? Protégée au titre des monuments historiques, la cheminée d’une ancienne brasserie menace de tomber. Dans l’urgence, elle est méthodiquement démontée. Comment désormais imaginer le site qui n’est déjà plus brasserie et pourtant encore symbole brassicole ? Un atelier de poterie de grès au sel est classé par la ministre de la Culture : est-ce possible qu’un très simple atelier et logis de potier soient concernés par le plus haut niveau de protection au titre des monuments historiques ? Révision, extension, inscription, classement,… : quelles sont les procédures, les enjeux et les conséquences de la protection au titre des monuments historiques ?

Faut-il restaurer les statues des cathédrales ?Les pratiques de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg face à la doctrine des Monuments historiques (1902-1934)

Le 12 octobre 2023 à 18:00

Vandalisme iconoclaste, menaces liées aux guerres, altérations dues aux intempéries, à la pollution atmosphérique et autres maladies de la pierre…, les magnifiques statues qui peuplent les portails et les façades de la cathédrale de Strasbourg ont beaucoup souffert de l’action des hommes et du temps à l’époque contemporaine. Au XIXe siècle, les sculpteurs de l’Œuvre Notre-Dame se sont attachés à restituer les figures détruites pendant la Révolution et à compléter le décor sculpté du monument. À partir de 1903, l’architecte colonais Johann Knauth fait déposer les chefs-d’œuvre du Moyen Âge comme l’Eglise et la Synagogue pour les protéger au musée et les remplacer par de fidèles copies encore en place de nos jours. Après le retour de l’Alsace-Lorraine à la France en 1918, ces pratiques de conservation et de restauration de la statuaire sont remises en question par la commission des monuments historiques, les archéologues et les historiens de l’art français qui souhaitent remettre les originaux aux portails et interdire l’installation de nouveaux pastiches néogothiques. Les débats sont vifs et s’inscrivent dans le contexte de la reconstruction des grandes cathédrales détruites pendant la Première Guerre mondiale, telle que celle de Reims, et de la première rencontre internationale entre experts de la restauration à Athènes en 1931. Ils nous offrent des pistes de réflexion pour tenter de répondre à une question toujours d’actualité : faut-il restaurer les statues de nos cathédrales et de nos églises ? faut-il les laisser en place au risque de les voir disparaître ou les déposer au musée où elles perdent en partie de leur signification ?

Histoire et architecture des églises reconstruites en Alsace après la Seconde Guerre mondiale

Le 08 décembre 2022 à 18:30

Après la Libération, les lourdes destructions subies par les villes et villages d’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale mettent les instances catholiques et protestantes face à un défi d’ampleur : la reconstruction partielle ou intégrale de plus de quatre-cents églises et temples, à travers toute la région. Les sinistres les moins graves permettent des reconstructions à l’identique où, souvent, seuls les vitraux signalent, de visu, le passage de la guerre. Dans le cas de dommages plus importants, voire de destructions totales, les architectes-reconstructeurs ont la charge de créer des édifices nouveaux. Ils doivent alors composer, dans un contexte de budgets réduits, avec les volontés fréquemment divergentes des commanditaires locaux et des organismes, religieux et civils, de contrôle des projets. Les résultats architecturaux sont d’une grande variété. Dans de nombreux villages, de sobres églises blanches affichent des silhouettes épurées ; ailleurs, des nefs monumentales et de hauts campaniles sont inspirés des œuvres des précurseurs suisses, allemands ou français de l’architecture religieuse moderne. Différentes études de cas permettront de souligner la relation entre ces créations nouvelles et l’existant – éléments bâtis conservés ou paysage environnant ; l’impact des réflexions visant à un renouveau liturgique, en cours à cette période ; ou encore le rapport entre les réalisations des différentes confessions religieuses.

Les enceintes urbaine médiévales alsaciennes (XIIIe-XXIe siècle): de leur construction à leur patrimonialisation

Le 09 mars 2023 à 18:30

Au cours du second Moyen Âge, essentiellement durant les XIIIe et XIVe siècles, de nombreuses localités alsaciennes de moyenne et petite taille se sont dotées d’une enceinte en dur pour assurer leur sécurité. Ces systèmes défensifs vont connaître de multiples évolutions jusqu’au XVIe siècle. Et si sauf exception, ces villes petites et moyennes n’ont pas pu prendre le virage du bastionnement des fortifications, pour autant, l’entretien de ces dernières a perduré jusqu’au XVIIIe siècle, au point que les structures héritées du Moyen Âge sont alors encore considérées comme des points d’appui dans la défense de la région par l’administration royale peu avant la Révolution. Leur déclassement, et à sa suite leur démantèlement, n’intervient véritablement qu’au XIXe siècle, et précède de peu leur entrée dans le champ patrimonial. Dresser un panorama des enceintes urbaines des petites et moyennes villes alsaciennes entre les XIIIe et XIXe siècles impliquera de solliciter des ressources de natures diverses : prospections des vestiges conservés, sondages archéologiques, documentation iconographique (plans, gravures, photographies anciennes), sources écrites médiévales et modernes. Parmi ces ressources, deux ensembles documentaires livrent un tableau exhaustif des systèmes fortifiés avant leur abandon : une grande enquête sur l’état de conservation des « enceintes des petites villes, bourgs et villages d’Alsace dont on pourroit tirer un parti avantageux s’il falloit deffendre l’intérieur de cette province contre l’ennemy », initiée par le directeur des fortifications d’Alsace en 1779, et un projet inachevé d’atlas des villes et bourgs d’Alsace (1769-1776).

Une nécropole du IIe siècle empreinte de romanité à l’entrée de Koenigshoffen

Le 09 février 2023 à 18:30

Dès ses origines, le site romain de Strasbourg est de nature militaire et lié à l’implantation de deux camps permanents et successifs, établis en rive gauche du Rhin pour assurer la défense de l’Empire romain le long de sa frontière (limes). Conjointement, une importante agglomération civile, rassemblant artisans et commerçants, ainsi que plusieurs nécropoles se développent aux abords du camp, dans l’actuel quartier de Koenigshoffen. Une fouille réalisée en 2019 a permis de mettre au jour, partiellement, une nécropole du IIe siècle jusqu’alors inconnue. Parmi la cinquantaine de tombes, souvent accompagnées de dépôts d’objets remarquables, les vestiges de bûchers destinés à la crémation des défunts constituent l’intérêt majeur du site. Ces découvertes augmentent significativement nos connaissances sur les populations installées à Strasbourg au IIe siècle, par l’étude des rites et des pratiques funéraires fortement influencés par la culture méditerranéenne.

L’ASMA, une association de sauvegarde du patrimoine face aux enjeux du renouvellement urbain et de la transition écologique

Le 12 janvier 2023 à 18:30

Le patrimoine bâti de notre région connait de profondes mutations. A l’heure de la transition écologique et du renouvellement urbain, le bâti ancien se retrouve au coeur de nombreux enjeux. L’ASMA (Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne) est un des principaux acteurs qui sensibilise les élus et le grand public sur ces problématiques. Créée il y a plus de 50 ans, l’ASMA avait à l’origine une approche essentiellement patrimoniale de la sauvegarde du bâti ancien. Comptant aujourd’hui un millier d’adhérent, l’ASMA connait depuis plusieurs années une nouvelle dynamique. Le fait que la consommation d’espaces naturels laisse définitivement place (on l’espère) au renouvellement urbain (loi Zéro Artificialisation Nette) créé une nouvelle pression sur le bâti ancien, trop souvent considéré à tord comme une simple réserve foncière. Les communes sont rarement prêtes à répondre à ces problématiques et se retrouvent souvent démunies face des promoteurs peu scrupuleux. L’ASMA conseille ces communes afin que le bâti ancien ne soit pas sacrifié. D’autant que la rénovation du bâti ancien, en plus d’être une solution contre l’artificialisation des sols, est aussi une solution pour la transition écologique. Par son amélioration thermique en utilisant des techniques low-tech et des matériaux biosourcés, qui sont les seuls adaptés à cette architecture vernaculaire. Avec là encore, le risque que des rénovations inadaptées fassent définitivement disparaitre ce patrimoine bâti. Les experts de l'ASMA étayeront leurs propos illustrations à l’appui.