Un cycle annuel de rencontres

Les Conférences du Patrimoine

La Société organise chaque année un cycle de conférences qui permet aux chercheurs de partager les résultats de travaux réalisés dans les domaines de l'archéologie, de l'architecture et de l'art. Accessibles à tous et gratuites, elles sont organisées d'octobre à avril en collaboration avec les Musées de la Ville de Strasbourg.

Ces conférences ont lieu à Strasbourg le lundi de 18h30 à 20h l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain 1 place Hans Jean Arp 67000 STRASBOURG.

BUS 4 ou 10 : arrêt Art Moderne - Tram B ou F : arrêts Faubourg National ou Musée d’Art Moderne.

Entrée et libre et gratuite dans la limite des places disponibles



Histoire et architecture des églises reconstruites en Alsace après la Seconde Guerre mondiale

Le 08 décembre 2022 à 18:30

Après la Libération, les lourdes destructions subies par les villes et villages d’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale mettent les instances catholiques et protestantes face à un défi d’ampleur : la reconstruction partielle ou intégrale de plus de quatre-cents églises et temples, à travers toute la région. Les sinistres les moins graves permettent des reconstructions à l’identique où, souvent, seuls les vitraux signalent, de visu, le passage de la guerre. Dans le cas de dommages plus importants, voire de destructions totales, les architectes-reconstructeurs ont la charge de créer des édifices nouveaux. Ils doivent alors composer, dans un contexte de budgets réduits, avec les volontés fréquemment divergentes des commanditaires locaux et des organismes, religieux et civils, de contrôle des projets. Les résultats architecturaux sont d’une grande variété. Dans de nombreux villages, de sobres églises blanches affichent des silhouettes épurées ; ailleurs, des nefs monumentales et de hauts campaniles sont inspirés des œuvres des précurseurs suisses, allemands ou français de l’architecture religieuse moderne. Différentes études de cas permettront de souligner la relation entre ces créations nouvelles et l’existant – éléments bâtis conservés ou paysage environnant ; l’impact des réflexions visant à un renouveau liturgique, en cours à cette période ; ou encore le rapport entre les réalisations des différentes confessions religieuses.

Les enceintes urbaine médiévales alsaciennes (XIIIe-XXIe siècle): de leur construction à leur patrimonialisation

Le 09 mars 2023 à 18:30

Au cours du second Moyen Âge, essentiellement durant les XIIIe et XIVe siècles, de nombreuses localités alsaciennes de moyenne et petite taille se sont dotées d’une enceinte en dur pour assurer leur sécurité. Ces systèmes défensifs vont connaître de multiples évolutions jusqu’au XVIe siècle. Et si sauf exception, ces villes petites et moyennes n’ont pas pu prendre le virage du bastionnement des fortifications, pour autant, l’entretien de ces dernières a perduré jusqu’au XVIIIe siècle, au point que les structures héritées du Moyen Âge sont alors encore considérées comme des points d’appui dans la défense de la région par l’administration royale peu avant la Révolution. Leur déclassement, et à sa suite leur démantèlement, n’intervient véritablement qu’au XIXe siècle, et précède de peu leur entrée dans le champ patrimonial. Dresser un panorama des enceintes urbaines des petites et moyennes villes alsaciennes entre les XIIIe et XIXe siècles impliquera de solliciter des ressources de natures diverses : prospections des vestiges conservés, sondages archéologiques, documentation iconographique (plans, gravures, photographies anciennes), sources écrites médiévales et modernes. Parmi ces ressources, deux ensembles documentaires livrent un tableau exhaustif des systèmes fortifiés avant leur abandon : une grande enquête sur l’état de conservation des « enceintes des petites villes, bourgs et villages d’Alsace dont on pourroit tirer un parti avantageux s’il falloit deffendre l’intérieur de cette province contre l’ennemy », initiée par le directeur des fortifications d’Alsace en 1779, et un projet inachevé d’atlas des villes et bourgs d’Alsace (1769-1776).

Une nécropole du IIe siècle empreinte de romanité à l’entrée de Koenigshoffen

Le 09 février 2023 à 18:30

Dès ses origines, le site romain de Strasbourg est de nature militaire et lié à l’implantation de deux camps permanents et successifs, établis en rive gauche du Rhin pour assurer la défense de l’Empire romain le long de sa frontière (limes). Conjointement, une importante agglomération civile, rassemblant artisans et commerçants, ainsi que plusieurs nécropoles se développent aux abords du camp, dans l’actuel quartier de Koenigshoffen. Une fouille réalisée en 2019 a permis de mettre au jour, partiellement, une nécropole du IIe siècle jusqu’alors inconnue. Parmi la cinquantaine de tombes, souvent accompagnées de dépôts d’objets remarquables, les vestiges de bûchers destinés à la crémation des défunts constituent l’intérêt majeur du site. Ces découvertes augmentent significativement nos connaissances sur les populations installées à Strasbourg au IIe siècle, par l’étude des rites et des pratiques funéraires fortement influencés par la culture méditerranéenne.

L’ASMA, une association de sauvegarde du patrimoine face aux enjeux du renouvellement urbain et de la transition écologique

Le 12 janvier 2023 à 18:30

Le patrimoine bâti de notre région connait de profondes mutations. A l’heure de la transition écologique et du renouvellement urbain, le bâti ancien se retrouve au coeur de nombreux enjeux. L’ASMA (Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne) est un des principaux acteurs qui sensibilise les élus et le grand public sur ces problématiques. Créée il y a plus de 50 ans, l’ASMA avait à l’origine une approche essentiellement patrimoniale de la sauvegarde du bâti ancien. Comptant aujourd’hui un millier d’adhérent, l’ASMA connait depuis plusieurs années une nouvelle dynamique. Le fait que la consommation d’espaces naturels laisse définitivement place (on l’espère) au renouvellement urbain (loi Zéro Artificialisation Nette) créé une nouvelle pression sur le bâti ancien, trop souvent considéré à tord comme une simple réserve foncière. Les communes sont rarement prêtes à répondre à ces problématiques et se retrouvent souvent démunies face des promoteurs peu scrupuleux. L’ASMA conseille ces communes afin que le bâti ancien ne soit pas sacrifié. D’autant que la rénovation du bâti ancien, en plus d’être une solution contre l’artificialisation des sols, est aussi une solution pour la transition écologique. Par son amélioration thermique en utilisant des techniques low-tech et des matériaux biosourcés, qui sont les seuls adaptés à cette architecture vernaculaire. Avec là encore, le risque que des rénovations inadaptées fassent définitivement disparaitre ce patrimoine bâti. Les experts de l'ASMA étayeront leurs propos illustrations à l’appui.

La Fouchelle (Val d’Argent). Une cité ouvrière de la Renaissance

Le 10 novembre 2022 à 18:30

inopinée de tessons de céramique en 2013 a déclenché 7 années de campagnes de fouille – un cas d’école de sérendipité ! –. Le résultat transcende tout ce que l’on croyait savoir sur la vie sociale des mineurs et des fondeurs de Sainte-Marie-aux-Mines. En effet sous les colluvions du versant, un village entier est apparu, composé d’une cinquantaine de maisons toutes répétitives, de 22 à 25 m2 chacune, ordonnées suivant un urbanisme planifié. Le mobilier recueilli nous indique que les occupants étaient des mineurs et des fondeurs, et leurs familles. Située un peu à l’écart des lieux du travail – les mines Saint-Philippe et Saint-Barthélemy, ouvertes en 1524, et leurs fonderies –, une telle concentration d’habitats porte un nom : une cité ouvrière. Les sociétés qui employaient ces ouvriers avaient fait construire à leur intention cet habitat standardisé. Sur l’axe des temps, nous nous projetons 250 ans avant les cités de la révolution industrielle en Angleterre ! Cerise sur le gâteau, le village de la Fouchelle occupé durant les XVIe et XVIIe siècles nous offre en plus un aperçu exhaustif de la céramique de poêle à travers cette tranche d’histoire.

Le décor peint de la maison médiévale: un aspect méconnu de l’histoire de l’art

Le 13 octobre 2022 à 18:30

Décorer l’intérieur de sa demeure au Moyen Âge ne signifiait pas simplement rehausser une architecture de pierre ou de brique nue, mais donner du sens à des espaces de vie et de réception. Les peintures murales figuratives qui ont réussi à traverser les siècles pour nous parvenir, souvent dans un état très fragmentaire, constituent une source essentielle pour comprendre comment le commanditaire pouvait mettre en valeur son image sociale au sein du foyer. Cependant, les décors les mieux conservés permettent de noter des différences entre, par exemple, les idéaux d’un évêque cultivé et d’un chevalier illettré à l’heure d’aménager les espaces privés ou semi-publics de son habitation. C’est pourquoi cette conférence proposera une vision d’ensemble qui permette de dégager les grands thèmes abordés par ces somptueux décors. Ainsi, c’est tout un pan de la pensée de l’aristocratie médiévale, mais aussi des riches commerçants qui sera révélé à travers cette approche thématique. Laissez-vous conduire dans l’univers fastueux de la demeure gothique pour entrevoir la vie des élites médiévales et découvrir un aspect culturel intime et méconnu de la sphère laïque.