Histoire de la société Histoire de la société : SCMHA

Histoire de la société

Créée pour assurer la préservation et l'étude du patrimoine archéologique et architectural de l'Alsace, la Société pour la Conservation des Monuments Historiques s’est acquittée de cette mission dès 1855 grâce à un vaste réseau de correspondants actifs au cours du Second Empire, puis entre 1870 et 1918 au temps du Reichsland.

Son action a été relayée et amplifiée par la création progressive de nombreux services patrimoniaux par l’État à la fin du XIXe et au XXe siècle avec lesquels elle a toujours entretenu une collaboration étroite.

Elle a également donné naissance au début du XXe siècle à de nombreuses sociétés locales qui lui étaient affiliées et qui poursuivent encore aujourd’hui les mêmes objectifs.

Bureau de la société
Le bureau de la Société dans la chapelle du Palais Rohan avec R. Forrer et F. A. Schaeffer au début du 20e siècle © Musée archéologique de Strasbourg

La création de la Société

La réunion constitutive de la Société a lieu le 5 décembre 1855 à la Préfecture du Bas-Rhin, à l'initiative du préfet Stanislas Migneret et de l'archiviste départemental Louis Spach.

Le discours introductif de S. Mignereten définit les missions :

« Préserver d'une destruction totale et conserver aussi longtemps que possible les ruines historiques, qui dans cette contrée ajoutent au charme du paysage la poésie comme les enseignements de l'histoire, est une pieuse entreprise, dans laquelle vous trouverez le Gouvernement comme protecteur, l'administration comme guide, et tous les hommes intelligents comme appui ou comme imitateurs ...

D'ailleurs une génération comme la nôtre, un empire comme celui de la France, qui élève tant de monuments et préparent de si belles pages à l'histoire, doivent se montrer pieux envers le souvenir des aïeux : c'est tout à la fois de la générosité envers le passé et un exemple pour l'avenir ».

L’inventaire et la protection du patrimoine architectural

Dès l'origine, la Société est associée au vaste travail de recensement national mené dans le cadre de la Topographie des Gaules qui, à partir de 1858, permet d'inventorier de nombreux sites et monuments dans toute la France.

Ses membres participent également à d'autres projets et s’investissent particulièrement dans des publications en tant qu’auteurs, contributeurs ou financeurs.

La protection du patrimoine médiéval est un des axes majeurs d'intervention de la Société : les ruines de châteaux des Vosges de nombreuses églises et chapelles ainsi que des édifices civils bénéficient d'une aide plus ou moins importante pour assurer leur entretien et leur préservation, ainsi que leur documentation voire le suivi de leur restauration.

Pour les sauver de la destruction, elle acquiert notamment le château du Wineck en 1864 et la « maison romane » de Rosheim en 1888 (qu'elle cède finalement à la Commune en 1926).

Les interventions auprès des autorités de l'État et des élus sont nombreuses et parfois couronnées de succès : la tour des Sorcières de Sélestat est préservée grâce à l'action de la Société, contrairement à plusieurs tours médiévales et maisons anciennes de Strasbourg qui sont détruites, sacrifiées par les travaux de la Grande Percée et la rénovation des secteurs centraux de la vieille ville.

Fouilles du Donon
Une excursion de la Société pour visiter les fouilles du Donon dans les années 1930 © Musée archéologique de Strasbourg

Un musée pour la société

Les œuvres et les monuments sauvegardés grâce à l'action de la Société sont regroupés au sein d’un musée. Et, de fait, au fil des découvertes, la Société va collecter, grâce à un vaste réseau de correspondants, d'innombrables objets issus de nombreuses localités de la région, allouant également sur son budget de petites gratifications aux agents de collecte les plus actifs ou finançant le transport des monuments les plus remarquables jusqu'à son siège, à Strasbourg.



Bureau de la société
© Musée archéologique de Strasbourg
Bureau de la société
Bureau de la société
Bureau de la société

Des travaux riches en découvertes

Les vestiges recueillis dans les décombres du Temple-Neuf sont installés par le président Straub dans les locaux de l'ancienne Académie en 1882. Ils y sont rapidement rejoints par les nouvelles trouvailles, en particulier les monuments funéraires (dont la célèbre stèle du légionnaire Caius Largennius) découverts à Koenigshoffen et le riche mobilier mis au jour par les fouilles du chanoine Straub dans la nécropole gallo-romaine tardive de la Porte Blanche. Une école ménagère devant être établie dans l'ancienne Académie, les collections sont une nouvelle fois contraintes de déménager. C'est ainsi qu'elles furent logées en 1896 dans l'une des ailes du Palais Rohan où elles intègrent les anciennes écuries et la cour attenante - alors sur-bâtie - du Palais Rohan, où elles voisinent avec le Musée des Beaux-Arts qui va être installé trois ans plus tard au premier étage du palais.

Les présidents de l'association depuis 1855

Depuis 2017

Jean-Jacques Schwien


Maitre de conférences en archéologie médiévale

Après une thèse en histoire, Jean-Jacques Schwien se spécialise en archéologie, avec des chantiers urbains (Strasbourg, Besançon), des fouilles de maisons rurales, des recherches dans le domaine des châteaux (en particulier en Franche-Comté), sans oublier des études sur la culture matérielle (le chauffage au poêle par exemple). Pour ce faire, il a œuvré au sein de diverses institutions, l'Écomusée d'Alsace, l'Association pour les fouilles archéologiques nationales, la DRAC de Franche-Comté à Besançon. Il a été aussi, à partir des années 1980, l’un des responsables du Groupe d’Archéologie médiévale d’Alsace et le maître d’œuvre d’un projet collectif de recherches sur les châteaux forts alsaciens, regroupant de nombreux acteurs, bénévoles et institutionnels. Depuis 2002, il enseigne à l'Université de Strasbourg. Très impliqué dans le monde professionnel de la recherche, il est aussi investi dans les activités bénévoles en faveur du patrimoine.

1986 - 2017

Guy Bronner


Docteur en médecine et archéologue

Ses études de médecine l’amènent à une carrière de chirurgien spécialiste en oto-laryngologie. Le patrimoine castral alsacien est l’un de ses domaines de prédilection et il dirige durant plusieurs années des fouilles au château de Landsberg. Défenseur inlassable du patrimoine régional, il joue un rôle actif dans diverses commissions, dont la Commission régionale du Patrimoine et des Sites.

1973 - 1985

Robert Will


Architecte et historien d'art

Architecte en chef de la Communauté urbaine de Strasbourg, il participe à la reconstruction de nombreux édifices strasbourgeois après 1945. Vice-président du comité départemental de l’Inventaire général, il est également un spécialiste reconnu de l’architecture du Moyen Âge, sujet sur lequel il publiera de nombreuses contributions.

1960 - 1972

René Metz


Chanoine, professeur de théologie

Professeur au Grand Séminaire et à la Faculté de Théologie de Strasbourg, il est également président de la Société d’histoire de l’Église d’Alsace. Directeur des Archives de l’Église d’Alsace, il publie de nombreux articles et est membre correspondant de diverses académies et sociétés savantes.

1947 - 1960

Ernest Wickersheimer


Administrateur de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg

Historien de la médecine, il est nommé administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire en 1919 et aura la charge de cette institution jusqu’en 1950.

1945 - 1947
1932 - 1940

Joseph Albert Gass


Chanoine et historien

Professeur d’histoire ecclésiastique au Grand Séminaire de Strasbourg, il collabore à de nombreuses revues régionales. D’abord secrétaire, puis vice-président, il devient président en 1932, puis à nouveau de 1945 à 1947.

1940 - 1944

Paul Wernert


Archéologue

Connu surtout pour ses importants travaux sur le site préhistorique d’Achenheim, auquel il consacre sa thèse, P. Wernert est également chargé de cours de Préhistoire à l’Université de Paris. Il œuvrera à la survie de la Société, dont les biens ont été mis sous séquestre, durant la difficile période de l’annexion de l’Alsace au Troisième Reich.

1928 - 1932

Christian Pfister


Historien, recteur de l’Académie de Strasbourg

Professeur d’histoire à la Faculté de Nancy, puis à la Sorbonne, ce spécialiste du Moyen Âge devient doyen de la Faculté des Lettres de Strasbourg où il enseigne l’histoire des institutions et la civilisation médiévale.

1919 - 1928
1909 - 1913

Anselme Laugel


Historien

Mécène et passionné d’art, fondateur de la Revue alsacienne illustrée, il est très engagé dans le mouvement culturel alsacien du début du 20e siècle, aux cotés de Charles Spindler et du Groupe de Saint-Léonard. Jugé trop francophile par les autorités du Reichsland, il doit démissionner, avant de reprendre ses fonctions en 1919, lors du retour de l’Alsace à la France.

1913 - 1919

Eugène Muller


Chanoine et homme politique

Professeur d’histoire de l’Église et d’archéologie chrétienne au Grand Séminaire de Strasbourg, il très actif dans diverses associations catholiques, Il est également très engagé sur le plan politique et social et défend le statut scolaire et l’enseignement bilingue en tant que sénateur du Bas-Rhin.

1900 - 1908

Gustave Keller


Chanoine et historien

Il poursuit l’œuvre de son prédécesseur et s’engage dans la collecte de documents pour la reconstitution de l’emblématique manuscrit de l’Hortus deliciarum, détruit en 1870. Il est également président de la Société des Amis de la Cathédrale.

1892 - 1900

Léon Dacheux


Chanoine

Professeur au Petit Séminaire, il côtoie A. Straub avec lequel il collabore aussi à la Revue catholique d’Alsace. Fortement marqué par les destructions dûes au siège de 1870, il s’attache à réunir les textes des nombreux manuscrits disparus dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg et oriente la Société vers la sauvegarde de ce patrimoine archivistique.

1874 - 1891

Alexandre Straub


Chanoine, historien et archéologue

Professeur d’histoire et d’archéologie au Petit Séminaire, il est l’un des fondateurs de la Revue catholique d’Alsace. Fin connaisseur du patrimoine régional, il est également archéologue (fouilles de la nécropole gallo-romaine tardive de la Porte Blanche) et collectionneur d’art religieux. Il est nommé conservateur des monuments historiques en 1882.

1873 - 1874

Charles Frédéric Eissen


Négociant et homme politique

Conseilleur municipal de Strasbourg, il est également juge au Tribunal de Commerce, puis élu à la Délégation d’Alsace-Lorraine.

1855 - 1873

Louis Spach


Archiviste et historien

Professeur d’histoire à la Faculté de Nancy, puis à la Sorbonne, ce spécialiste du Moyen Âge devient doyen de la Faculté des Lettres de Strasbourg où il enseigne l’histoire des institutions et la civilisation médiévale.