Editorial
Bien chers amis,
À la veille de cette nouvelle année, et au nom de tout le bureau de la Société, je voudrais d’abord vous faire part de nos meilleurs nos vœux. Nous vous souhaitons un réconfort auprès de nos chers monuments qui doivent être maintenus autant pour sauvegarder notre mémoire que pour montrer à tous, surtout à nos visiteurs, notre richesse.
En ce qui concerne ces monuments, nous avons à nouveau à déplorer des destructions incompréhensibles. Vous avez tous suivis dans la presse la démolition du presbytère de 1598 à Burbach, en Alsace bossue, pour laisser la place à une aire de jeux (DNA du 27 septembre 2022). Outre que la commune n’ait pas accepté d’adapter le projet en y intégrant le bâtiment et en opposition à l’avis de l’architecte des Bâtiments de France, ce qui parait proprement scandaleux est la démolition à la pelle mécanique de l’ensemble. De ce fait, les bois de charpente et les autres éléments architectoniques anciens (encadrements de portes et de fenêtres, chaînages d’angle...) sont partis broyés à la décharge, alors qu’ils auraient pu servir à la restauration d’autres maisons. Cette pratique de tout raser sans tri des matériaux doit cesser. Le développement durable passe aussi par la récupération d’éléments de construction (poutres, huisseries, briques, moellons...) qui pourraient servir à des réaménagements d’éléments anciens ou même d’édifices neufs, limitant d’autant le prélèvement de ressources (sable, argile, ciment..) et l’énergie destinée à leur transformation (fours, transports...). Bien sûr, les pratiques et circuits à mettre en œuvre pour ce faire ne sont pas simples. Mais à l’heure où notre société est arrivée en quelques mois à faire diminuer de 10% en France la consommation d’électricité, nous pensons que cet effort-là est également dans nos moyens. Cela s’est fait encore à grande échelle il n'y a pas si longtemps. J’ai le souvenir, enfant, d’avoir préparé les vieux métaux pour les récupérateurs de matériaux qui s’annonçaient dans notre rue au cri de "Lumpa, àlt Isa, Kingalabeltz" (chiffons, vieux fers, peaux de lapin !). Aujourd’hui, nous avons déjà des circuits de recyclage, comme le papier et le verre. Nos déchetteries recueillent aussi des matériaux de construction, mais qui partent au feu ou au broyage. Alors pourquoi ne pas y envisager des sortes de banques de données de matériaux réutilisables en tant que tels ? Certaines entreprises le font, mais à un coût généralement prohibitif pour les usagers. Il faudrait ici une réflexion engagée par et avec les pouvoirs publics.
Mais dans la presse ces derniers mois, nous avons aussi noté des entreprises de sauvegarde du patrimoine bâti rural comme nous n’en avions plus vues depuis longtemps. À Brumath, une commune qui a surtout été citée ces derniers temps pour ses destructions intempestives, un jeune couple sans connaissances particulières en bâti ancien est arrivé à réhabiliter une ancienne ferme (DNA, 20 mars 2022). À Mackenheim, près de Sélestat, un autre couple tout aussi peu formé à l’architecture et avec l’aide d’un charpentier, est arrivé à construire sa maison avec une grande partie de bois anciens (Rheinblick, 27 décembre 2022). Enfin, à l’initiative de jeunes habitants du village et avec l’aide de Marc Grodwohl, une maison de 1554 a été démontée à Buschwiller dans le Sundgau. Ici aussi, cette vieille bâtisse devait céder la place à un lotissement neuf ; un groupe de travail s’est formé en amont de la démolition, a lancé une souscription qui a permis de recueillir plus de 10 000euros en moins d’une semaine pour financer le démontage et l’analyse dendrochronologique (DNA, 15 novembre 2022). Une initiative exemplaire, donc, qui à l‘instar des bâtiments réhabilités de nos couples, montre que les questions patrimoniales ne sont pas l’apanage des seuls retraités de nos associations de sauvegarde.
Jean-Jacques Schwien

Pour un classement en Site Patrimonial Remarquable du quartier du Rebberg (Mulhouse, Riedisheim)
Le Rebberg de Mulhouse peut être décrit comme un très vaste parc aux essences remarquables hébergeant plusieurs centaines de belles demeures. Située à l’aplomb de la deuxième ville d’Alsace, cette colline enveloppée de lœss a fourni autrefois des fossiles de vertébrés voire d’insectes décrits par les savants, au premier rang desquels Joseph Koechlin-Schlumberger.
Ce quartier a fait l’objet de 2020 à 2022 d’une recherche universitaire en archéologie urbaine, dans une perspective de diagnostic patrimonial (ouvrage La Colline aux cent tourelles paru en octobre 2022, par Pierre Fluck, avec la contribution d’Edmond Hérold). Inclus dans la ville de Mulhouse, il occupe les premières élévations du horst du Sundgau, immédiatement au sud de l’axe marqué par la voie ferrée et le canal du Rhône-au-Rhin.
Ce petit territoire se doit d’être perçu comme une entité paysagère mêlant le fait urbain à la nature domestiquée (les bosquets, parcs et jardins).
Son histoire a d’abord fait l’objet d’une approche en terme d’évolution des paysages : la colline avant le Rebberg, à une époque marquée par l’empreinte glaciaire sur les Vosges, son histoire agraire et viticole à travers le Moyen Âge et les temps modernes, les débuts de l’urbanisation, sa grande accélération à la « Belle Époque », son évolution jusqu’au milieu de XXe siècle. L’ancien vignoble reste présent à l’état de « fantôme » à travers le découpage parcellaire en lanières.
Les méthodes de cette recherche positionnent au premier plan le croisement des documents d’archives (en rapport avec la police du bâtiment) et l’analyse du terrain, doublée d’une couverture photographique (2200 clichés). Les données concernant les maîtres d’ouvrage et les habitants des demeures composant le quartier ont pu être utilement complétées par un outil performant, les Adressbücher, sortes de bottins parus annuellement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Cette approche a permis d’aboutir à reconstituer le kaléidoscope sociologique des propriétaires des villas du Rebberg, tout comme le spectre identitaire de l’ensemble de ses habitants.
Les premières constructions furent le fait d’industriels, ainsi les châteaux du Hasenrain (dans les années 1830) ou de l’Ermitage (1868). Le chantier quasi-pharaonique de deux réservoirs de pompage des eaux de la Doller (1883) allait signifier le déclic de la vague constructrice de la Belle Époque (près de 400 villas entourées de leurs jardins). Les modes de construire s’intègrent dans les canons de l’histoire de l’art. Le style régionaliste par exemple est très bien illustré à « la Bourdonnière » d’Albert Sandoz, le néo-classicisme à la demeure d’Edmond Schlumberger rue du Jura, le mouvement Arts & crafts à la villa de l’ingénieur De Glehn, l’Art nouveau à la villa de la Veuve Joséphine Droin (102, r de Verdun), le modernisme à la villa Kreiss (60, Av. de la 1e DB)…
L’enquête s’est étendue aux petits riens qui font aussi le Rebberg : écuries, orangeries, serres, pavillons de jardins, chalets d’été, conciergeries, buanderies, fumoirs et autre poulaillers…
Les parcs et jardins ont fait l’objet dans cette recherche d’une attention particulière. Expression de la domination de l’Homme sur la Nature, ils se révèlent néanmoins propices à héberger les quantas de biodiversité, expression d’une résilience rétroactive de cette même nature. Le Rebberg se positionne ainsi comme un observatoire de choix pour une épistémologie de cette interaction homme/nature. D’admirables plans d’archives permettent ainsi de scruter l’évolution de tels espaces, ainsi les « jardins d’hygiène naturelle », un lieu à fort potentiel patrimonial et culturel.
Le patrimoine des sciences à son tour s’invite au Rebberg, à travers ses diverses facettes : les lieux même du terrain, tels une flore remarquable ou des fossiles d’insectes piégés dans les niveaux marneux autrefois excavés ; les collections, telles les animaux et plantes du zoo ; les lieux de la pratique, tel cet observatoire à coupole d’un René Schlumberger ; des instruments pour la pratique, telle cette extraordinaire collection d’ustensiles médicaux conservée dans une chapelle du Hasenrain ; les archives des sciences, tels ces manuscrits illustrés d’aquarelles du botaniste Henri-Gustave Muhlenbeck ; la mémoire ses savants et des inventeurs, ainsi ces industriels férus d’histoire naturelle, ces chimistes, géologues, géophysiciens nés au Rebberg ou y ayant résidé…
CONCLUSION
Le Rebberg peut être perçu comme un trésor, une œuvre d’art protéiforme. Une analyse comparative en direction d’autres quartiers urbains proches des centres villes, mêlant dans une même harmonie l’urbanisation à la Nature, offrant par là-même des paysages et une qualité de vie hors du commun, en position d’élévation topographique procurant des points de vues sur les plans alentours (le Rebberg est un « balcon sur les Vosges », et son sommet offre la vue sur les Alpes) aboutit à un constat : le Rebberg semble être unique en France.
Il est un patrimoine qui, par définition, appartient à tout le monde ! Ne l’abîmons pas, préservons cette spécificité ! Le véritable enjeu se positionne, à terme, dans une potentielle candidature de Mulhouse au classement UNESCO (elle en a encore les qualités) : il est clair qu’une dénaturation du Rebberg (en réponse à une bétonisation croissante) le ferait s’effondrer en tant qu’entité patrimoniale, entraînant Mulhouse dans sa chute.
La solution existe : elle réside dans un classement en Site Patrimonial Remarquable, ce qui ne signifie aucunement une muséification du périmètre concerné. En outre, un SPR peut très bien s’intégrer intelligemment dans la politique de la ville dictée par la loi ALUR : le SPR est le résultat d’une négociation rue par rue voire maison par maison. Il importe de prendre acte du fait que le dossier scientifique est en grande partie réalisé, et ce bénévolement, du fait même du travail des chercheurs auteurs du livre « La Colline aux cent tourelles » (qu’accompagnent les nombreuses données enregistrées à travers leurs enquêtes en archives et sur le terrain).
Une telle démarche n’est pas, à l’heure actuelle, celle de la Mairie de Mulhouse. Les élus de Riedisheim (commune limitrophe dans laquelle s’étend une partie du périmètre qui pourrait être pressenti) y seraient plus favorables, et peut-être une démarche d’intercommunalité aurait-elle plus de chances de s’imposer. Des associations régionales (Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, Société pour la Conservation des Monuments Historiques ; Alsace Nature donnera sa réponse) ou locales (Patrimoine Rebberg) se positionnent d’ores-et-déjà en faveur d’un classement SPR.
Pierre FLUCK
Professeur émérite
Membre d’Honneur de l’Institut Universitaire de France
Expert auprès de l’ICOMOS
Bibliographie:
FLUCK Pierre, avec la contribution d'Edmond HEROLD, La colline aux cent tourelles. Le Rebberg à Mulhouse, Le Verger éditeur, 2022,188p.


Deux dons de châteaux à la Société
La Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace s’est intéressée dès sa création en décembre 1855 aux ruines des châteaux forts et a largement œuvré pour leur protection et leur consolidation dans la seconde moitié du XIXe siècle, avant que le relais ne soit pris par les instances administratives du Reichsland Elsass-Lothringen après 1871. Visites de terrain et rapports sur l’état des ruines sont réalisés régulièrement par les membres bas-rhinois et ceux du sous-comité du Haut-Rhin, en relation avec les architectes départementaux de chaque secteur, et des subsides sont alloués pour stabiliser les parties architecturales les plus menacées.
Du Wineck…
C’est dans ce contexte que débute l’histoire du Wineck (parfois appelé aussi Windeck ou Weineck) et de la Société. Lors de l’assemblée générale du 15 juin 1865 à Colmar, l’architecte Schelbaum livre un descriptif détaillé du site qui vient d’être cédé à la Société par M. Bickard, de Horbourg. D’emblée, se pose le problème de l’accès, doublé de celui de l’exploitation intempestive du socle rocheux sur lequel est construit le château. L’intervention de la Société est conditionnée par l’abornement du terrain et la transcription officielle de la propriété et une démarche est effectuée auprès des autorités impériales pour obtenir la déclaration d’utilité publique, permettant de bénéficier de dons et de legs. Une lettre est adressée au Préfet du Bas-Rhin en juillet 1864, accompagnée d’une copie de l’acte de vente du château, avec « prière d’obtenir pour notre société l’autorisation d’accepter des dons ou des legs et la faveur d’être déclarée société d’utilité publique ».
Cette reconnaissance officielle est accordée par le Conseil d’État le 26 août 1865. Le sous-comité du Haut-Rhin, présidé par M. Véron-Réville, engage, de son côté des tractations avec les viticulteurs propriétaires des parcelles mitoyennes pour obtenir la cession d’un chemin à travers leurs parcelles de vignes pour accéder au site. Les deux problèmes initiaux trouvent ainsi une issue heureuse, annoncée par le Préfet de Colmar au président de la Société par un courrier en date du 16 août 1865 :
« Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de vous adresser une copie authentique de l’acte pour lequel les propriétaires des vignes sises au pied du château de Wineck autorisent la Société pour la conservation des monuments historiques d’établir à travers leurs propriétés, un chemin d’un mètre de largeur, donnant accès aux ruines précitées.
Agréez, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération distinguée
Le Préfet. Signé : H. Ponsard ».
Une copie de la concession d’un sentier pour arriver au château de Wineck y est jointe, qui livre des informations complémentaires non dénuées d’intérêt :
« Nous soussignés Wöhrlé Ignace, Hensinger Antoine, Boxler Antoine, Kluv Jean, Antoine Spannagel et Klée Antoine, tous propriétaires au canton Schlossberg banlieue de Katzenthal, des vignes inscrites à la section A sous les n° 484, 485, 486, 489, 488, 489 (2e fois), 490, du plan cadastral et aboutissant toutes aux ruines du vieux château Wineck.
Après avoir pris connaissance du plan dressé par M. Wertz agent voyer du canton, déclarons consentir à la solution proposée par ce plan, à savoir : que le chemin dit Schloss-weg sera continué sur nos propriétés à l’état de sentier avec une largeur d’un mètre et dans toute la longueur suivant la direction A, B, C, D, du plan et que nous abandonnons en toute propriété à la Société de conservation des monuments historiques.
Katzenthal le 25 juillet 1865 ont signés les propriétaires sus-nommés. Pour copie conforme
Katzenthal, le 9 août 1865. Le Maire Adam ».
Pour mener à bien la création du sentier et l’abornement de la propriété, un crédit de 200 francs est voté. L’état de la ruine n’étant pas trop préoccupant, seule une consolidation par une « couche de crépissage hydraulique » des parements à nu est réalisée alors, afin d’assurer la bonne stabilisation des maçonneries.
Une petite vingtaine d’années se passe, avant de retrouver mention du Wineck dans les comptes rendus de séances de la Société. En 1884, un rapport de Ringeisen et des photos réalisées par son neveu, M. Larmoyer, révèlent de nouveaux points de fragilité. Peu après, B. Weck, instituteur à Katzenthal, demande à la Société de faire percer une porte dans le donjon pour le rendre accessible, proposition rapidement rejetée. C’est à cette occasion que la Société prend conscience que les démarches pour la transcription de propriété semblent avoir été assez laxistes, ou peut-être ont-elles été interrompues par la guerre de 1870 avant d’avoir pu être menées entièrement à terme ? Quoiqu’il en soit, le 8 juin 1886, le président Straub informe les membres du comité que la ruine est encore inscrite au nom de MM. Antoine et Joseph Hensinger ! Sise sur la parcelle cadastrale « section A, N° 502 Canton : Schlossberg Nature : ruines d ’un château Superficie : 5 ar 10 qm, Classe 1 », la ruine était passée en 1849 du Bbron de Gail à Joseph Hensinger, avec un partage par moitié en 1871 entre ce dernier et Antoine Hensinger. M. Ingold est donc chargé de mettre fin à cette situation ambiguë et de faire transcrire, en bonne et due forme, les ruines au nom de la Société ; ce transfert est enfin réalisé en 1886.
Deux nouvelles années passent et l’état du donjon nécessite de plus en plus des travaux de consolidation, ce que ne manque pas de relever l’architecte Charles Winkler lors de l’assemblée générale du 7 juillet 1888 à Colmar, rappelant à la Société ses obligations envers le monument dont elle est propriétaire. Mais rien ne semble avoir véritablement bougé jusqu’en mai 1902. Le Comité décide alors de solliciter « un subside pour les travaux de restauration » et, le 10 juillet, le président Gustave Keller informe ses collègues que 2000 Marks ont été alloués par l’administration des Monuments historiques, alors dirigée par Felix Wolf. La dernière mention retrouvée dans les comptes rendus de séance date du 23 juin 1909, mentionnant des travaux de restauration prévus sous la direction de son successeur Johannes Knauth qui « propose en même temps de mettre chaque année une somme fixe dans notre budget pour la conservation de nos vieux châteaux ».
Une nouvelle aventure commence en mai 1972 avec la création des Amis du Wineck, association créée à l’initiative du Dr Jean Meyer (1940-2011) ; toujours très active, cette association continue à œuvrer sans relâche à la préservation et à la valorisation du site et du château.
… au Hohnack
Ce que l’on sait moins, c’est que la Société a également été propriétaire, ou plus exactement copropriétaire (pour 5/17e), d’un autre château haut-rhinois : le Petit-Hohnack. C’est lors de la séance du 6 juin 1869 qu’une offre de copropriété est transmise de la part des héritiers de M. de Golbéry, don que la Société accepte le 30 juin 1869.
Lorsqu’en 1890, M. Ingold, de Colmar, attire l’attention de la Société sur le danger qui menace la ruine – une grande carrière doit être exploitée à son pied – la Société prend contact avec les autorités municipales, ainsi qu’avec Ch. Winckler et l’administration des Monuments historiques, pour contrecarrer le projet et éviter des dommages pour le château.
La transaction liée au Hohnack a été faite peu avant la guerre de 1870. La réalité des droits de la Société sur une partie du château est certifiée grâce à un document retrouvé dans les papiers du chanoine Dacheux qui indique que 5/17e du site reviennent à la Société. Des démarches sont toutefois entreprises par un membre haut-rhinois, Klem, auprès du conseiller du gouvernement Sommer, pour confirmer les termes de ce document. Mais l’administration se montre peu conciliante et le Bezirkspräsident considère, en septembre 1899, que la ruine appartient désormais à l’État. L’acte d’acquisition initial du Hohnack autorisant la Société à aliéner sa part de propriété, le président avise le préfet de Colmar de cette intention, afin de clôturer un dossier complexe en raison des changements politiques et administratifs intervenus depuis le don.
Épilogue : le 21 janvier 1903, le président Keller informe le comité que la « propriété du Hohnack vient d’être définitivement allouée à l’administration de la Haute-Alsace ».
Bernadette Schnitzler

Compte-rendu de lecture
Jean-Claude WEINLING, Les trois valeureux chevaliers du Haut-Koenigsbourg, mai 2022, 20 p. (entièrement en couleurs, 15 €)
Si l’histoire s’adresse surtout au jeune public, les illustrations qui accompagnent les 30 pages de ce joli récit séduiront sans nul doute aussi bien petits que grands. Les peintures murales réalisées au début du XXe siècle par Leo Schnug pour le château du Haut-Koenigsbourg, associées à d’autres créations graphiques de l’artiste alsacien, ont fourni une source d’inspiration inépuisable à la réinterprétation et à la recréation de ce monde disparu que nous livre le récit de J.-C. Weinling.
Particulièrement sensible au Moyen Âge cher à Leo Schnug, l’auteur nous entraîne à sa suite dans un imaginaire peuplé de chevaliers, de belles dames et d’animaux fantastiques. Le résultat est bluffant ! tout comme le vaste travail informatique et la perfection graphique qui se cachent derrière le monde imaginaire où l’auteur nous entraine à sa suite. Une belle façon de faire revivre le Moyen Âge et de faire redécouvrir, avec un regard renouvelé, les superbes décors monumentaux du château du Haut-Koenigsbourg.
Bernadette Schnitzler

Chronique des sites Internet
Rheinblick. Elsässisches Wochenmagazin
Dans cette rubrique, nous présentons aujourd’hui un type de document à mi-chemin entre les sites web et les comptes-rendus d’ouvrages. Il s’agit du supplément à L’Alsace et aux DNA, qui n’est accessible qu’en ligne avec l’abonnement à ces deux journaux. C’est un magazine hebdomadaire de 20 pages, né en 2021, paraissant le mardi. Il ne nous semble pas être très connu, personne dans notre entourage n’en n’ayant jamais parlé; nous n’avons pas non plus le souvenir non plus d’annonces publicitaires le concernant.
Et pourtant, il nous semble devoir être consulté. Il remplace dans les faits les éditions quotidiennes en allemand de ces deux journaux, disparues au moins pour les DNA en 2012 (notice Wikipedia). Mais, surtout, il propose à chaque fois des articles développés (1 à 2 pages le plus souvent) sur de nombreuses activités culturelles ou faits de société des deux côtés du Rhin, et même plus largement, le Palatinat, la Suisse, la Lorraine étant aussi prospectés. L’essentiel de ces articles est aussi original, au sens où ce ne sont pas des reportages traduits d’une version parue en français dans les éditions locales. Enfin, les relations et projets transfrontaliers sont clairement privilégiés.
Le 27 décembre, on pourra s’informer sur le tournage d’un film au Struthof, l’ouverture d’un musée consacré à l’extraction d’ardoises au XIXe siècle à Kaub (au nord de Mayence, sur le Rhin), la restauration d’une maison à colombage par un jeune couple à Mackenheim, la gestion des loups sauvages dans le canton de Berne, les diverses traditions (et réglementations) en termes de pétards et fusées des deux côtés du Rhin, la culture et les divers usages du gui Outre-Rhin, le vol d’une réserve de gin lesté par son producteur pour améliorer sa qualité au fond du lac de Constance ...
Le 3 janvier, il est question de l’inauguration d’une piste cyclable franco-suisse à Leymen, des travaux de l’Institut du vin du Bade-Wurtemberg pour adapter la résistance des raisins aux maladies nouvelles, liées au changement climatique, de l’association entre un vigneron badois et alsacien pour proroger un contrat d’approvisionnement en vins de l’Élysée, du renouvellement d’une convention de développement d’échanges entre jeunes entre la France et la Sarre, du retour des armures au Haut-Koenigsbourg après leur restauration (parties en 1997 !), de la tradition de la galette en Alsace et des fêtes et défilés carnavalesques en Bade-Wurtemberg, d’un roman sur le retour des cigognes en Alsace, de l’exposition sur les Romains au bord du Rhin au Musée des Antiquités de Bâle (jusqu’au 30 avril 2023).
Celui du 10 janvier rapporte le discours de la présidente du Land de Sarre sur son souhait de resserrer les liens avec la France, la décision de certaines communes du Bade-Wurtemberg de réduire les zones de circulation réservées aux vélos (à rebours des mesures générales de préservation de l’air), le choix de la commune de Stuttgart de permettre à ses agents de circuler gratuitement dans ses transports en commun et celui du Land de Bavière d’équiper la navigation sur le lac de Constance avec des bateaux électriques, la mise sur pied d’un projet de valorisation touristique de leurs châteaux entre la CEA, le Land Rheinland-Pfalz, l’Ortenaukreis ainsi que les cantons de Bâle (ville et campagne), Aargau et Jura, le lancement de l’annonce des 38 expositions dans les musées le long du Rhin au cours de l’été 2023 à Lörrach, le compte-rendu d’un livre sur un Malgré-nous de Phalsbourg.
Celui du 17 janvier est encore en ligne et vous pourrez le découvrir par vous-même !
Un regret. Sauf erreur, on ne peut pas vraiment les télécharger, ce qui fait qu’au-delà de quelques numéros, on n’y a plus accès (sauf par les archives, mais il faut alors connaître les rubriques qu’on souhaite retrouver).
Jean-Jacques Schwien
