Les activités

Le 14 mars 2024 à 18:00

Par Anne VUILLEMARD-JENN, docteure en histoire de l’art de l’Université de Strasbourg, MAMS (Auditorium), Dans le cadre de l’exposition « Strasbourg 1560-1600 » au Musée de l’Œuvre Notre-Dame


Autour de 1600, Strasbourg était ornée de peintures, en grisaille ou en couleur, historiées, héraldiques ou ornementales, tant sur les façades des édifices publics que des demeures privées. Les décors intérieurs restent plus secrets et c’est principalement à la faveur de travaux de restauration que certains ensembles ont pu être dégagés. Des maîtres illustres tels que Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin sont évoqués dans les chroniques ou les archives. À l’hôtel des chanoines, le Bruderhof, Dietterlin est cité autour de 1575. Quelques années plus tard, son intervention est mentionnée dans la maison de l’Œuvre Notre-Dame, mais on peut également supposer celle de Stimmer pour le décor des façades connu à travers des relevés. En dehors des bâtiments officiels, de nombreux édifices privés ont reçu une parure colorée. La célèbre maison Kammerzell offre un témoignage indirect de ces peintures décoratives refaites d’après les traces conservées. Le mur-pignon du 9 rue Sainte-Hélène, ayant appartenu au peintre David Kandel, était revêtu d’un décor d’enroulements en grisaille jusqu’en 1992. Au 20 rue Hannong, un décor daté de 1612 a entraîné la dépose d’urgence du pignon, aujourd’hui conservé au Musée historique. Au 17 rue des Hallebardes, c’est à l’intérieur que se révèlent les vestiges du décor d’une vaste salle d’apparat. Les peintures ornementales du XVIe siècle ont été photographiées puis partiellement sacrifiées pour dégager celles, historiées, du XIVe siècle. Elles apparaissent comme une transposition des motifs peuplant les bordures d’encadrement de gravures de Solis ou de Stimmer, dont l’origine est le modèle de Cornelis Floris. Une autre salle d’apparat, 1 rue du Bouclier témoigne également de ce goût pour les baies ornées d’enroulements bleutés et de putti aux postures instables, de chutes et de festons. En dehors de ces décors essentiellement ornementaux, des compositions plus ambitieuses subsistent comme au 10 place de la cathédrale avec des peintures en grisaille illustrant le premier psaume, attribuées à Kandel autour de 1577-1580. Enfin, le 15 place de la Cathédrale conserve un ensemble inédit de remarquable qualité, mettant en scène l’amour et la fortune dans des tableaux inspirés par les livres d’emblèmes.




Fortune et amour, détail du décor peint 15 place de la Cathédrale à Strasbourg (cliché de l'auteur).