Un cycle annuel de rencontres

Les Conférences du Patrimoine

La Société organise chaque année un cycle de conférences qui permet aux chercheurs de partager les résultats de travaux réalisés dans les domaines de l'archéologie, de l'architecture et de l'art. Accessibles à tous et gratuites, elles sont organisées d'octobre à avril en collaboration avec les Musées de la Ville de Strasbourg.

Ces conférences ont lieu à Strasbourg le jeudi de 18h à 20h l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain 1 place Hans Jean Arp 67000 STRASBOURG.

BUS 4 ou 10 : arrêt Art Moderne - Tram B ou F : arrêts Faubourg National ou Musée d’Art Moderne.

Entrée et libre et gratuite dans la limite des places disponibles



Le castrum du Burcberck-Purpurkopf : archéologie d’une fortification comtale des IXe-Xe siècles

Le 06 mars 2025 à 18:00

Le sommet du Purpurkopf à Rosheim, petite éminence gréseuse dominant le versant sud de la vallée de la Magel, abrite les vestiges d’un bâtiment rectangulaire entouré d’une vaste enceinte. Des fouilles archéologiques menées depuis 2022 par Archéologie Alsace sur le site ont permis d’attribuer cette fortification à un castrum comtal des IXe et Xe siècles mentionné dans une bulle du pape Léon IX. Les méthodes de construction employées et l’organisation spatiale du site, très différentes de celles des châteaux plus tardifs, apportent un regard nouveau sur l’origine du phénomène castral en Alsace. Les recherches ont également mis au jour les vestiges d’une occupation de l’Antiquité tardive qui reste néanmoins difficile à caractériser. Cette conférence reviendra sur les trois campagnes de fouilles et proposera une synthèse des résultats.

La restauration de la cathédrale de Metz par Paul Tornow. La fabrique d’un monument idéalisé

Le 06 février 2025 à 18:00

À l’image de la Moselle, la cathédrale Saint-Étienne de Metz cristallise une histoire mouvementée. Construite sur près de trois siècles, elle subit d’importantes modifications au milieu du XVIIIe siècle : son environnement d’origine disparaît au profit d’un aménagement urbain parfaitement ordonné et dessiné par Jacques-François Blondel. Le XIXe siècle marque tout aussi profondément l’édifice : les Français déposent progressivement les ajouts classiques et isolent le monument de son contexte urbain. En 1871, la cathédrale intègre le nouvel Empire allemand. Elle connaît alors une profonde restructuration rendue possible par des moyens financiers hors norme et des ambitions politiques nouvelles portées par Guillaume II. Nommé Dombaumeister en 1874, l’architecte prussien Paul Tornow établit rapidement un grand projet pour Metz. En trente-deux années, il restaure la quasi-totalité de la cathédrale et dirige trois grandes séries de travaux qui modifient en profondeur l’édifice : reconstruction de la toiture, restauration du portail de la Vierge et création du portail principal. En dépit de ses longues années au service du monument, l’architecte ne verra pas aboutir ses projets de flèches sur la tour du Chapitre et à la croisée du transept, correspondant à une vision idéalisée de la cathédrale médiévale.

La synagogue médiévale de Rouffach. Une étude archéologique du bâti dans son contexte urbain

Le 14 novembre 2024 à 18:00

Édifiée au XIIIe siècle, l’ancienne synagogue de Rouffach, dans le Haut-Rhin, est l’un des plus anciens bâtiments juifs conservés d’Europe, et le seul bâtiment juif médiéval certain conservé en France. Bien que la communauté juive de la ville au Moyen Âge ait fait l’objet de plusieurs recherches, la seule publication sur le bâtiment jusqu’à récemment était une étude de Charles Winkler parue en 1906. Dans le cadre d’une étude réalisée en 2020, de nouvelles informations ont pu être obtenues grâce aux méthodes de l’archéologie du bâti. Ce travail a permis des réflexions inédites sur l’architecture, l’accès à la synagogue et son utilisation au Moyen Âge, réfutant en partie les propositions avancées jusqu’alors. Par ailleurs, la transformation de l’édifice en maison d’habitation avec une stube en partie conservée, y compris la charpente, a pu être datée du XVe siècle par analyse dendrochronologique. La conférence présentera les nouvelles connaissances acquises sur la construction initiale de la synagogue ainsi que sur sa transformation en maison d’habitation au Moyen Âge tardif.

Les gisants de Soultzbach : un couple de pierre à la veille de la Guerre des Paysans

Le 10 octobre 2024 à 18:00

Conservé à Soultzbach-les-Bains, le monument funéraire de Jacques de Hattstatt et de son épouse Merge de Ratsamhausen n’a pas d’équivalent entre Vosges et Rhin. Cette sculpture en ronde-bosse a été réalisée avant la mort des époux, en 1516, dans un seul bloc de grès jaune, ce qui n'a jamais été relevé et représente un cas unique. Elle donne une image idéale d’un guerrier contemporain de Bayard et mérite d’être replacée dans son environnement. Le seigneur de Soultzbach n’est pas un héros chevaleresque : c’est un bon témoin de son temps, à la veille de la Guerre des Paysans.

De l’espace urbain à l’intimité de la demeure : la peinture murale à Strasbourg autour de 1600

Le 14 mars 2024 à 18:00

Autour de 1600, Strasbourg était ornée de peintures, en grisaille ou en couleur, historiées, héraldiques ou ornementales, tant sur les façades des édifices publics que des demeures privées. Les décors intérieurs restent plus secrets et c’est principalement à la faveur de travaux de restauration que certains ensembles ont pu être dégagés. Des maîtres illustres tels que Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin sont évoqués dans les chroniques ou les archives. À l’hôtel des chanoines, le Bruderhof, Dietterlin est cité autour de 1575. Quelques années plus tard, son intervention est mentionnée dans la maison de l’Œuvre Notre-Dame, mais on peut également supposer celle de Stimmer pour le décor des façades connu à travers des relevés. En dehors des bâtiments officiels, de nombreux édifices privés ont reçu une parure colorée. La célèbre maison Kammerzell offre un témoignage indirect de ces peintures décoratives refaites d’après les traces conservées. Le mur-pignon du 9 rue Sainte-Hélène, ayant appartenu au peintre David Kandel, était revêtu d’un décor d’enroulements en grisaille jusqu’en 1992. Au 20 rue Hannong, un décor daté de 1612 a entraîné la dépose d’urgence du pignon, aujourd’hui conservé au Musée historique. Au 17 rue des Hallebardes, c’est à l’intérieur que se révèlent les vestiges du décor d’une vaste salle d’apparat. Les peintures ornementales du XVIe siècle ont été photographiées puis partiellement sacrifiées pour dégager celles, historiées, du XIVe siècle. Elles apparaissent comme une transposition des motifs peuplant les bordures d’encadrement de gravures de Solis ou de Stimmer, dont l’origine est le modèle de Cornelis Floris. Une autre salle d’apparat, 1 rue du Bouclier témoigne également de ce goût pour les baies ornées d’enroulements bleutés et de putti aux postures instables, de chutes et de festons. En dehors de ces décors essentiellement ornementaux, des compositions plus ambitieuses subsistent comme au 10 place de la cathédrale avec des peintures en grisaille illustrant le premier psaume, attribuées à Kandel autour de 1577-1580. Enfin, le 15 place de la Cathédrale conserve un ensemble inédit de remarquable qualité, mettant en scène l’amour et la fortune dans des tableaux inspirés par les livres d’emblèmes.

Fouiller ? Conserver ? Sauver ? Le service régional de l’archéologie face aux enjeux actuels de l’archéologie en Alsace

Le 08 février 2024 à 18:00

Plus de vingt ans après l’adoption des lois sur l’archéologie préventive, l’image du service régional de l’archéologie qui arrête les chantiers reste fortement ancrée dans les esprits, alors que ces fouilles dites de sauvetage sont devenues l’exception. En vingt ans, les acteurs, les méthodes et les objectifs de la discipline ont en effet considérablement évolué, tandis que les aménageurs ont dû se résoudre, progressivement, à composer avec les archéologues. L’importance prise par l’archéologie préventive est d’ailleurs devenue telle qu’on en oublie souvent qu’elle ne constitue qu’un des pans de la recherche archéologique, sauf en période estivale, où les fouilles programmées, dernier lieu de rencontre entre professionnels, étudiants et bénévoles, sont largement mises en avant par les médias. En Alsace, où, chaque année, de telles fouilles portent sur des sites datant du Paléolithique à la Seconde Guerre mondiale, elles rappellent ainsi le potentiel archéologique extraordinaire du territoire, qu’il soit enfoui, immergé ou en élévation. L’importance du tissu associatif témoigne par ailleurs de l’intérêt de la population pour le patrimoine, la question de sa conservation et de sa mise en valeur revenant fréquemment dans les débats, surtout lorsque on parle de patrimoine bâti : châteaux, maisons en pan de bois, sites liés aux conflits des XIXe-XXe siècles, etc. Le service régional de l’archéologie de la DRAC Grand Est, qui a pour mission d’assurer l’étude et la sauvegarde du patrimoine archéologique, ce qui englobe évidemment la lutte contre le pillage des sites, se voit souvent reproché d’en faire trop, mais aussi, parfois, pas assez ! Fouiller, conserver, sauver… Le SRA doit sans cesse faire des choix, qu’on essaiera de comprendre – et de discuter ! – à travers des exemples concrets.

Patrimoine rural, patrimoine industriel, patrimoine religieux… Les chantiers actuels de l’Inventaire en Alsace

Le 11 janvier 2024 à 18:00

L’Inventaire du patrimoine culturel est une compétence des Régions depuis 2004. Sa finalité consiste à recenser, étudier et faire connaître les éléments du patrimoine régional. Il est composé d’une équipe opérationnelle de recherche appliquée au territoire, comptant des chercheurs, des photographes, des cartographes géomaticiens, des documentalistes, des administrateurs de bases de données et du personnel administratif. En Grand Est, l’Inventaire est intégré au service Inventaire et Patrimoines de la Direction de la Culture, du Patrimoine et de la Mémoire. Il réunit une trentaine d’agents, répartis sur les quatre sites régionaux (Strasbourg, Metz Nancy, Châlons en Champagne). La programmation scientifique du service est définie annuellement. Elle vise à trouver le juste équilibre entre études territorialisées et études thématiques de dimension Grand Est, voire inter-régionales ou nationales. Les axes de cette programmation sont les suivants : patrimoine religieux, patrimoine de l’eau, monde du travail, paysages et territoire (études urbaines et ruralité), patrimoine de frontière et des conflits, patrimoine scolaire et universitaire. Ces six programmes de recherche sont conduits avec une attention particulière accordée à trois problématiques transversales : le lien entre patrimoine naturel et patrimoine culturel, le lien entre patrimoine matériel et immatériel, le patrimoine du XXe siècle. Cette présentation sera l’occasion de revenir sur les enjeux de la politique régionale en matière d’étude et de valorisation du patrimoine en prenant des exemples dans les opérations en cours en Alsace dont les sujets sont aussi divers que : le patrimoine ferroviaire, le patrimoine de l’abbaye de l’Oelenberg (68) et les objets religieux du Mont Saint-Odile (67), le patrimoine industriel de la vallée de Masevaux, le patrimoine rural des vallées vosgiennes (68), du pays de Hanau (67) et le patrimoine viticole. Cette intervention à plusieurs voix permettra de présenter l’équipe de recherche de Strasbourg et ses questionnements à une époque où l’étude et la protection du patrimoine bâti constituent un enjeu fort de la transformation du territoire régional.

Sur les traces des bornes et des chemins de contrebandiers. Retrouver la frontière franco-allemande de 1871

Le 07 décembre 2023 à 18:00

Avec la défaite française de 1871, une nouvelle frontière sépare la France de l’Allemagne, qui se voit déplacée du Rhin aux Vosges. La majeure partie de l’Alsace, une partie de la Lorraine, et plus d’un million et demi d’habitants passent sous le drapeau du Reich. Pendant près d’un demi-siècle, jusqu’à 1914, la vie quotidienne des populations, devenues frontalières, s’en trouve profondément transformée. C’est l’analyse du rapport concret des habitants à cette nouvelle ligne qui intéresse Benoit Vaillot. Comment la franchissent-ils, la contournent-ils, et s’en accommodent-ils ? De quelle manière en tirent-ils parti ou, au contraire, s’en désolent-ils ? Quelles sont leurs façons de la penser, de l’appréhender et de l’incorporer dans leur vie ? Quelles sont les stratégies déployées par ces acteurs locaux pour s’approprier l’espace aux confins franco-allemands ? La frontière franco-allemande entre 1871 et 1914 a constitué un véritable laboratoire. À bien des égards, elle porte en elle les germes des profondes transformations que connaîtront la souveraineté et l’identité nationale en Europe au cours du XXe siècle.

Comment l’Alsace protège son patrimoine ? Explication autour d’exemples de protections au titre des monuments historiques

Le 09 novembre 2023 à 18:00

La presse annonce il y a quelques mois la fermeture de l’ancienne Brasserie de L’Espérance à Schiltigheim : comment protéger ce site alors même que le nouveau contexte économique et social va bouleverser la définition de ce haut-lieu de la brasserie alsacienne ? Protégée au titre des monuments historiques, la cheminée d’une ancienne brasserie menace de tomber. Dans l’urgence, elle est méthodiquement démontée. Comment désormais imaginer le site qui n’est déjà plus brasserie et pourtant encore symbole brassicole ? Un atelier de poterie de grès au sel est classé par la ministre de la Culture : est-ce possible qu’un très simple atelier et logis de potier soient concernés par le plus haut niveau de protection au titre des monuments historiques ? Révision, extension, inscription, classement,… : quelles sont les procédures, les enjeux et les conséquences de la protection au titre des monuments historiques ?

Faut-il restaurer les statues des cathédrales ?Les pratiques de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg face à la doctrine des Monuments historiques (1902-1934)

Le 12 octobre 2023 à 18:00

Vandalisme iconoclaste, menaces liées aux guerres, altérations dues aux intempéries, à la pollution atmosphérique et autres maladies de la pierre…, les magnifiques statues qui peuplent les portails et les façades de la cathédrale de Strasbourg ont beaucoup souffert de l’action des hommes et du temps à l’époque contemporaine. Au XIXe siècle, les sculpteurs de l’Œuvre Notre-Dame se sont attachés à restituer les figures détruites pendant la Révolution et à compléter le décor sculpté du monument. À partir de 1903, l’architecte colonais Johann Knauth fait déposer les chefs-d’œuvre du Moyen Âge comme l’Eglise et la Synagogue pour les protéger au musée et les remplacer par de fidèles copies encore en place de nos jours. Après le retour de l’Alsace-Lorraine à la France en 1918, ces pratiques de conservation et de restauration de la statuaire sont remises en question par la commission des monuments historiques, les archéologues et les historiens de l’art français qui souhaitent remettre les originaux aux portails et interdire l’installation de nouveaux pastiches néogothiques. Les débats sont vifs et s’inscrivent dans le contexte de la reconstruction des grandes cathédrales détruites pendant la Première Guerre mondiale, telle que celle de Reims, et de la première rencontre internationale entre experts de la restauration à Athènes en 1931. Ils nous offrent des pistes de réflexion pour tenter de répondre à une question toujours d’actualité : faut-il restaurer les statues de nos cathédrales et de nos églises ? faut-il les laisser en place au risque de les voir disparaître ou les déposer au musée où elles perdent en partie de leur signification ?