
Sommaire
- L’outillage d’une grange gallo-romaine sur le site du Gurtelbach à Dehlingen (Bas-Rhin)
- Une chapelle de cimetière à travers les siècles : la chapelle Saint-Denis de Marmoutier (époque carolingienne à nos jours)
- L’église paroissiale Saint-Léger de Guebwiller
- À la recherche des origines d’un nouveau plafond peint médiéval, découvert rue des Serruriers à Strasbourg
- Strasbourg, Allmendbuch de 1587 : la rue encombrée. À qui appartient l’espace public ?
- À l’origine de la production de faïences en Alsace : l’atelier de Jean-Henri Wachenfeld à Strasbourg (1719-1721)
- Le chantier de la nouvelle aile de l’hôtel de Commerce (1866-1869) et son décor extérieur par Eugène Dock
- Un voyage de Bodo Ebhardt et Albert Speer en Alsace annexée en juillet 1941
- La défense passive pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’agglomération strasbourgeoise
- Chronique des travaux sur les monuments historiques classés en Alsace (2024)
Résumés
Depuis 1993, des opérations archéologiques sont réalisées sur les vestiges de l’établissement rural gallo-romain du Gurtelbach. Les fouilles exhaustives de l’un des secteurs, entre 2016 et 2023, se sont focalisées sur les espaces de production de la villa antique. Ce secteur a vu l’édification, au cours de la période romaine, de différents bâtiments et structures liés à l’agriculture et l’élevage. Mais il semble que cette partie de l’exploitation ne se limitait pas uniquement aux tâches agricoles. Les outils découverts, ainsi que d’autres vestiges, suggèrent que la fonction de ces espaces pouvait être plus diversifiée. Le présent article est consacré à l’étude de l’outillage en fer, en os et en pierre – certains inédits pour les Gaules et Germanies – afin de mieux cerner les activés agropastorales, artisanales et domestiques.
Zusammenfassung : Seit 1993 werden in der Gemeinde Dehlingen die archäologischen Operationen an den Überresten der gallo-römischen Bauernhof Gurtelbach fortgesetzt. Die umfassenden Ausgrabungen in einem der Sektoren zwischen 2016 und 2023 konzentrieren sich auf die Produktionsräume der antiken Villa. In diesem Sektor wurden während der Römerzeit verschiedene Gebäude und Strukturen errichtet, die mit dem Agropastoralismus in Verbindung stehen. Es scheint, dass dieser Teil des Betriebes nicht nur auf landwirtschaftliche Aufgaben beschränkt war. Die gefundenen Werkzeuge und andere Überreste deuten darauf hin, dass die Funktion dieser Räume vielfältiger gewesen sein könnte. Der vorliegende Artikel widmet sich der Untersuchung von Eisen-, Knochen- und Steinwerkzeugen - von denen einige für Gallien und Germanien neu sind -, um die agropastoralen und handwerklichen Tätigkeiten besser zu verstehen.
Antoine NOWAKOWSKY, Maxime CALBRIS et Antonin NÜSSLEIN
La chapelle Saint-Denis, située dans le cimetière paroissial de Marmoutier, a fait l’objet de recherches archéologiques réalisées par l’Inrap au moment des travaux de restauration de l’édifice en 2019 et 2020. Ces recherches ont permis de retracer l’évolution architecturale de la chapelle, de sa période de construction au XIIe siècle à nos jours, et de déterminer la fonction initiale de l’édifice, celle de chapelle-ossuaire. Les investigations ont également permis de mettre au jour un sarcophage en grès roman réemployé à la fin du Moyen Âge et une double sépulture d’enfants d’époque Moderne.
Zusammenfassung : Die Kapelle Saint-Denis, die sich auf dem Pfarrfriedhof von Marmoutier befindet, war Gegenstand archäologischer Untersuchungen, die von Inrap während der Restaurierungsarbeiten des Gebäudes in den Jahren 2019 und 2020 durchgeführt wurden. Diese Untersuchungen ermöglichten es, die architektonische Entwicklung der Kapelle von ihrer Bauzeit im 12. Jahrhundert bis heute nachzuvollziehen und die ursprüngliche Funktion des Gebäudes, die einer Beinhauskapelle, zu bestimmen. Die Untersuchungen brachten außerdem einen im Spätmittelalter wiederverwendeten Sarkophag aus romanischem Sandstein und eine Kinderdoppelbestattung aus der Neuzeit ans Licht.
Boris DOTTORI
Fondée par l’abbaye de Murbach, l’église paroissiale Saint-Léger de Guebwiller est édifiée entre 1182 et 1235 environ. Les comparaisons avec des édifices environnants permettent de dater les agrandissements dont elle fait l’objet du XIVe siècle.
Tant pour l’architecture que pour le décor monumental, les formes en usage pour les parties romanes sont les mêmes que celles observées sur des édifices rhénans. Les parties gothiques rappellent davantage l’Europe centrale, malgré quelques exemples franciliens.
Zusammenfassung : Die von der Abtei Murbach gegründete Pfarrkirche Saint-Léger von Guebwiller wurde zwischen etwa 1182 und 1235 erbaut. Vergleiche mit umliegenden Gebäuden ermöglichen eine Datierung der Erweiterungen auf das 14. Jahrhundert.
Sowohl für die Architektur als auch für die monumentale Dekoration sind die Formen der romanischen Teile mit denen der Rheinbauten identisch. Die gotischen Teile erinnern trotz einiger Beispiele aus der Region Ile-de-France eher an Mitteleuropa.
Éric HENRY
Un plafond peint médiéval a été découvert en 2022 au rez-de-chaussée d’un petit immeuble situé au 11 rue des Serruriers à Strasbourg. Un examen archéologique du bâti des parties accessibles a montré que l’immeuble se développait initialement sur l’emprise d’une parcelle mitoyenne. L’expertise dendrochronologique du plafond à solives apparentes, qui porte le décor peint, indique qu’il est construit au moyen de bois abattus durant l’automne/hiver 1297/1298. Le décor est constitué de rinceaux feuillagés ondulant entre des roses stylisées alternativement de couleur rouge et bleue. Ce type de décor peint a été repéré par le passé à six reprises, avec quelques nuances, dans des maisons de Strasbourg, dans des immeubles datés par dendrochronologie, de la fin du XIIIe et des toutes premières années du XIVe siècle. Quelques indices textuels et archéologiques suggèrent que la maison a pu relever d’une ancienne propriété aristocratique, plus tard subdivisée en plusieurs parcelles plus petites, dévolues à des artisans.
Zusammenfassung : Im Jahr 2022 wurde im Erdgeschoss eines kleinen Gebäudes in der Rue des Serruriers 11 in Straßburg eine mittelalterliche Deckenmalerei entdeckt. Eine archäologische Untersuchung der Bausubstanz in den zugänglichen Bereichen ergab, dass sich das Gebäude ursprünglich auf dem Grundriss eines Reihengrundstücks entwickelte. Das dendrochronologische Gutachten der Holzbalkendecke, die das gemalte Dekor trägt, zeigt, dass sie aus Holz gebaut wurde, das im Herbst/Winter 1297/1298 gefällt wurde. Das Dekor besteht aus wellenförmigen Blätterranken zwischen stilisierten Rosen, die abwechselnd rot und blau gefärbt sind. Diese Art von gemaltem Dekor wurde in der Vergangenheit mit einigen Nuancen sechsmal in Straßburger Häusern in Gebäuden entdeckt, die durch Dendrochronologie auf das Ende des 13. und die allerersten Jahre des 14. Jahrhunderts datiert wurden. Einige textliche und archäologische Hinweise deuten darauf hin, dass das Haus Teil eines alten Adelsbesitzes gewesen sein könnte, der später in mehrere kleinere Parzellen unterteilt wurde, die Handwerkern gehörten.
Maxime WERLÉ
Depuis 2002, nous poursuivons un projet ambitieux : reconstituer l'histoire de Strasbourg, du XVIe au XXIe siècle, à l'aide d'un système d'information géographique historique (SIG). Au cœur de cet article se trouve le registre des communaux de 1587, l'Allmendbuch, qui mesure les empiètements des propriétaires sur le domaine commun de la ville. Un trésor d'informations précieuses susceptibles de susciter de multiples thèmes de recherche : hiérarchies sociales, familles (héritages, statut des femmes etc.), repérage des personnalités, répartition des métiers, des activités, des propriétés ou de l’aisance économique. Le travail minutieux de dix enquêteurs a donné naissance à des milliers de mesures, encore inexploitées à ce jour. Leur potentiel pour la cartographie statistique et l'enrichissement du SIG est immense. L'Allmendbuch nous ouvre une fenêtre unique sur le passé, nous permettant de comprendre et de mesurer l'organisation spatiale de la ville, les différences d’aisance entre les quartiers et l’encombrement des rues. C'est une invitation à un voyage dans le temps, au cœur du Strasbourg du XVIe siècle, d’autant plus important qu’il s’agit très probablement du dernier recensement de ce genre.
Zusammenfassung : Seit 2002 verfolgen wir ein ehrgeiziges Projekt: die Rekonstruktion der Geschichte Straßburgs vom 16. bis zum 21. Jahrhundert mithilfe eines historischen geografischen Informationssystems (GIS). Im Mittelpunkt dieses Artikels steht das Register der Allmenden von 1587, das Allmendbuch, das die Übergriffe der Eigentümer auf das städtische Allgemeingut misst. Ein Schatz an wertvollen Informationen, um die Organisation und das tägliche Leben in Straßburg zu dieser Zeit zu verstehen. Die akribische Arbeit von zehn Ermittlern hat Tausende von Messungen hervorgebracht, die bis heute nicht ausgewertet wurden. Ihr Potenzial für die statistische Kartierung und die Anreicherung des GIS ist immens. Das Allmendbuch öffnet uns ein einzigartiges Fenster in die Vergangenheit und ermöglicht es uns, die räumliche Ordnung der Stadt, die Wohlstandsgefälle zwischen den Vierteln und die Enge der Straßen zu verstehen. Es ist eine Einladung zu einer Zeitreise ins Herz Straßburgs des 16. Jahrhunderts.
Thierry HATT
Lors de fouilles menées en 2020 au 1, rue de la Question à Strasbourg, les vestiges mal conservés d’un four à faïences d’époque moderne ont été mis au jour. Grâce à des documents d’archives, ce four – ainsi que les rares déchets de production recueillis – ont pu être attribués avec certitude au céramiste Jean Henri Wachenfeld. Venu de Bavière, il s’est installé à Strasbourg en 1719 afin d’y créer un atelier de faïences, dont les techniques de fabrication étaient alors inconnues en Alsace. Il a bénéficié pour cela d’un soutien des autorités municipales qui financent, entre autres, la construction de plusieurs fours. Les découvertes de terrain associées aux documents d’archives permettent ici de façon assez exceptionnelle de retracer le parcours de cet artisan et l’arrivée à Strasbourg de ce nouveau type de production céramique.
Zusammenfassung : Bei Ausgrabungen im Jahr 2020 in der Rue de la Question 1 in Straßburg wurden die schlecht erhaltenen Überreste eines Fayence-Ofens aus der Neuzeit freigelegt. Anhand von Archivmaterial konnte dieser Ofen - ebenso wie die wenigen gesammelten Produktionsabfälle - mit Sicherheit dem Keramiker Jean Henri Wachenfeld zugeordnet werden. Er kam aus Bayern und ließ sich 1719 in Straßburg nieder, um dort eine Werkstatt für Fayencen einzurichten, deren Herstellungstechniken damals im Elsass noch unbekannt waren. Hierfür erhielt er Unterstützung von den städtischen Behörden, die unter anderem den Bau mehrerer Öfen finanzierten. Die Entdeckungen vor Ort in Verbindung mit Archivdokumenten ermöglichen es hier auf recht außergewöhnliche Weise, den Werdegang dieses Mannes und die Ankunft dieser neuen Art der Keramikproduktion in Straßburg nachzuvollziehen.
Élise ARNOLD, Florent MINOT et Jean-Michel WENDLING
« Les historiens de l’art ont accordé peu d’attention à la façade du Neue Bau ». Depuis 1992, cette situation ne s’est pas vraiment modifiée. Cet article entend donc apporter un nouveau regard sur une bâtisse devant laquelle passent régulièrement les Strasbourgeois. Sous l’impulsion de Jules Sengenwald (1809-1891), un nouveau projet d’agrandissement de l’hôtel de Commerce voit le jour. C’est Eugène Dock qui est chargé de sa décoration extérieure. « Ce nom ne dit peut-être rien aux Strasbourgeois de notre génération », pourtant Dock fut un acteur important du milieu des arts décoratifs strasbourgeois dans la seconde moitié du XIXe siècle. À l’aide de documents inédits (dessins et archives), l’étude entend mieux comprendre la pratique d’un sculpteur-décorateur qui a été influencée par les exigences du commanditaire, c’est-à-dire construire l’agrandissement : « comme les anciennes [façades] » et « dans le même style ».
Zusammenfassung : Die Kunsthistoriker haben der Fassade des Neuen Bau" wenig Aufmerksamkeit geschenkt". Seit 1992 hat sich an dieser Situation nicht viel geändert. Dieser Artikel möchte daher einen neuen Blick auf ein Gebäude werfen, an dem die Straßburger regelmäßig vorbeigehen. Unter der Leitung von Jules Sengenwald (1809-1891) wurde ein neues Projekt zur Vergrößerung des Hôtel de Commerce ins Leben gerufen. Eugène Dock wurde mit der äußeren Dekoration beauftragt. "Dieser Name sagt den Straßburgern unserer Generation vielleicht nichts", doch Dock war in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts ein wichtiger Akteur in der Straßburger Kunstgewerbeszene. Anhand unveröffentlichter Dokumente (Zeichnungen und Archive) will die Studie die Praxis eines Bildhauers und Dekorateurs besser verstehen, die von den Forderungen des Auftraggebers beeinflusst wurde, nämlich die Vergrößerung zu bauen: "wie die alten [Fassaden]" und "im gleichen Stil".
Quentin DESPOND
Dans les archives de Bodo Ebhardt, conservées à l’Europaïsches Burgeninstitut à Braubach (Allemagne) , se trouve un long courrier faisant un compte rendu détaillé du voyage de l’architecte en Alsace en juillet 1941, en compagnie d’Albert Speer, sous le haut-patronage duquel était placé l’association des châteaux forts allemands créée par B. Ebhardt à la fin du XIXe siècle. Outre les châteaux visités, dont le Haut-Koenigsbourg qu’Ebhardt retrouve plus de trente ans après son inauguration en 1908, on découvre entre les lignes la présence de la guerre, la position du « Vater der Burgenforschung » envers l’Alsace nouvellement annexée par le Troisième Reich et les espoirs qu’il fonde sur le soutien de la politique nationale-socialiste envers les châteaux et son association.
Zusammenfassung : Im Bodo-Ebhardt-Archiv des Europaïschen Burgeninstitut in Braubach (Deutschland) befindet sich ein langer Brief, der ausführlich über die Reise des Architekten ins Elsass im Juli 1941 in Begleitung von Albert Speer berichtet, unter deren Schirmherrschaft wurde der von B. Ebhardt Ende des 19. Jahrhunderts gegründete Vereinigung zur Erhaltung deutscher Burgen gegründet. Zusätzlich zu den besuchten Schlössern, einschließlich der Haut-Koenigsbourg, zu der Ebhardt mehr als dreißig Jahre nach seiner Einweihung im Jahr 1908 zurückkehrte, entdecken wir zwischen den Zeilen die Anwesenheit von Krieg, die Position des „Vaters der Burgenforschung“ gegenüber dem neu annektierten Elsass und seine Hoffnungen auf der Unterstützung der nationalsozialistischen Burgenpolitik für die Vereinigung.
Bernadette SCHNITZLER
Si les rues de Strasbourg laissent apparaître des stigmates visibles de la Seconde Guerre mondiale, les vestiges souterrains, eux, sont beaucoup moins perceptibles. Et pourtant, les sous-sols de l’agglomération fourmillent d’abris antiaériens, construits avant ou pendant la Seconde Guerre mondiale par la France ou l’Allemagne. L’aménagement de ces abris fait partie de ce qu’on appelle la « défense passive », qui est plus largement définie comme la protection des populations civiles contre les attaques aériennes. Appelée « Luftschutz » en Allemagne, elle est créée dans le contexte des tensions européennes de l’entre-deux-guerres, alimentée par la peur de revivre les bombardements et de subir les gaz de combat de la Première Guerre mondiale. Après avoir exposé le fonctionnement et les enjeux de la défense passive à Strasbourg, nous nous pencherons plus en détail sur certains vestiges archéologiques encore présents dans la cité.
Zusammenfassung : Während die Straßen Straßburgs sichtbare Spuren des Zweiten Weltkriegs aufweisen, sind die unterirdischen Überreste weitaus weniger sichtbar. Dabei wimmelt es im Untergrund der Stadt nur so von Luftschutzbunkern, die vor oder während des Zweiten Weltkriegs von Frankreich oder Deutschland gebaut wurden. Die Einrichtung dieser Schutzräume ist Teil der sogenannten "passiven Verteidigung", die im weiteren Sinne als Schutz der Zivilbevölkerung vor Luftangriffen definiert wird. In Deutschland als "Luftschutz" bezeichnet, wurde sie vor dem Hintergrund der europäischen Spannungen in der Zwischenkriegszeit geschaffen, die durch die Angst geschürt wurden, die Bombenangriffe und Kampfgaseinsätze des Ersten Weltkriegs erneut zu erleben. Nachdem wir die Funktionsweise und die Herausforderungen der passiven Verteidigung in Straßburg erläutert haben, werden wir uns ausführlicher mit einigen archäologischen Überresten beschäftigen, die noch in der Stadt vorhanden sind.
Ludwig DIOT
Pas de résumé
Zusammenfassung : Ohne Zusammenfassung
Daniel GAYMARD