Par Cécile RIVIÈRE, Université de Strasbourg - ARCHE, MAMS (Auditorium)
Après la Libération, les lourdes destructions subies par les villes et villages d’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale mettent les instances catholiques et protestantes face à un défi d’ampleur : la reconstruction partielle ou intégrale de plus de quatre-cents églises et temples, à travers toute la région. Les sinistres les moins graves permettent des reconstructions à l’identique où, souvent, seuls les vitraux signalent, de visu, le passage de la guerre. Dans le cas de dommages plus importants, voire de destructions totales, les architectes-reconstructeurs ont la charge de créer des édifices nouveaux. Ils doivent alors composer, dans un contexte de budgets réduits, avec les volontés fréquemment divergentes des commanditaires locaux et des organismes, religieux et civils, de contrôle des projets. Les résultats architecturaux sont d’une grande variété. Dans de nombreux villages, de sobres églises blanches affichent des silhouettes épurées ; ailleurs, des nefs monumentales et de hauts campaniles sont inspirés des œuvres des précurseurs suisses, allemands ou français de l’architecture religieuse moderne. Différentes études de cas permettront de souligner la relation entre ces créations nouvelles et l’existant – éléments bâtis conservés ou paysage environnant ; l’impact des réflexions visant à un renouveau liturgique, en cours à cette période ; ou encore le rapport entre les réalisations des différentes confessions religieuses.
Eglise Saint-Arbogast de Herrlisheim (67), reconstruite par Bertrand Monnet et Fernand Guri (1965-1970) © Cécile Rivière