Par Rafael-Florian HELFENSTEIN, Architecte du patrimoine et docteur en histoire de l’architecture - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, (au MAMCS)
À l’image de la Moselle, la cathédrale Saint-Étienne de Metz cristallise une histoire mouvementée. Construite sur près de trois siècles, elle subit d’importantes modifications au milieu du XVIIIe siècle : son environnement d’origine disparaît au profit d’un aménagement urbain parfaitement ordonné et dessiné par Jacques-François Blondel. Le XIXe siècle marque tout aussi profondément l’édifice : les Français déposent progressivement les ajouts classiques et isolent le monument de son contexte urbain. En 1871, la cathédrale intègre le nouvel Empire allemand. Elle connaît alors une profonde restructuration rendue possible par des moyens financiers hors norme et des ambitions politiques nouvelles portées par Guillaume II.
Nommé Dombaumeister en 1874, l’architecte prussien Paul Tornow établit rapidement un grand projet pour Metz. En trente-deux années, il restaure la quasi-totalité de la cathédrale et dirige trois grandes séries de travaux qui modifient en profondeur l’édifice : reconstruction de la toiture, restauration du portail de la Vierge et création du portail principal. En dépit de ses longues années au service du monument, l’architecte ne verra pas aboutir ses projets de flèches sur la tour du Chapitre et à la croisée du transept, correspondant à une vision idéalisée de la cathédrale médiévale.
Projet de la façade, 1895 (document remis par l'auteur)