Les activités

Le 12 octobre 2023 à 18:00

Par Nicolas LEFORT, ARCHE - Université de Strasbourg, MAMS (Auditorium) - Conférence en partenariat avec la Société des Amis de la Cathédrale de Strasbourg et la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame.


Vandalisme iconoclaste, menaces liées aux guerres, altérations dues aux intempéries, à la pollution atmosphérique et autres maladies de la pierre…, les magnifiques statues qui peuplent les portails et les façades de la cathédrale de Strasbourg ont beaucoup souffert de l’action des hommes et du temps à l’époque contemporaine. Au XIXe siècle, les sculpteurs de l’Œuvre Notre-Dame se sont attachés à restituer les figures détruites pendant la Révolution et à compléter le décor sculpté du monument. À partir de 1903, l’architecte colonais Johann Knauth fait déposer les chefs-d’œuvre du Moyen Âge comme l’Eglise et la Synagogue pour les protéger au musée et les remplacer par de fidèles copies encore en place de nos jours. Après le retour de l’Alsace-Lorraine à la France en 1918, ces pratiques de conservation et de restauration de la statuaire sont remises en question par la commission des monuments historiques, les archéologues et les historiens de l’art français qui souhaitent remettre les originaux aux portails et interdire l’installation de nouveaux pastiches néogothiques. Les débats sont vifs et s’inscrivent dans le contexte de la reconstruction des grandes cathédrales détruites pendant la Première Guerre mondiale, telle que celle de Reims, et de la première rencontre internationale entre experts de la restauration à Athènes en 1931. Ils nous offrent des pistes de réflexion pour tenter de répondre à une question toujours d’actualité : faut-il restaurer les statues de nos cathédrales et de nos églises ? faut-il les laisser en place au risque de les voir disparaître ou les déposer au musée où elles perdent en partie de leur signification ?




Vierge folle du portail droit de la cathédrale de Strasbourg (© DRAC Grand Est, Denkmalrchiv). La statue originale, photographiée après sa dépose au début du XXe siècle, est conservée au musée de l’Œuvre Notre-Dame ; celle en place au portail est une copie réalisée en 1920.