Acteurs du patrimoine

Beyer Dominique

Propos reccueillis par

C’est un intérêt commun pour le patrimoine qui réunit Victor Beyer et son fils Dominique et qui a influencé leur parcours professionnel. Dès leur enfance respective, l’attrait des civilisations éloignées de leur Alsace natale dans le temps et dans l’espace a aiguisé leur curiosité pour la différence. Par la suite, leur formation en histoire de l’art a favorisé le développement de cet aspect de leur personnalité et ils ont tous deux été conservateur de musée. Même s’ils ont chacun fait une partie de leur carrière à Paris, ils ont choisi de revenir résider en Alsace. Victor Beyer a laissé à Strasbourg le souvenir d’un excellent conservateur en chef des Musées, spécialiste international de la sculpture et de l’art du vitrail en Alsace. Dominique Beyer a enseigné l’archéologie du Proche-Orient à l’Université de Strasbourg. Dans leur vie privée, le patrimoine naturel a toujours été partie intégrante de cet intérêt et de cette sensibilité à la beauté de ce qui les entoure.

Né à Strasbourg en 1948, fils de Victor et de Christiane Beyer, Dominique Beyer est professeur émérite d’histoire et d’archéologie de l’Orient ancien à l’université de Strasbourg.

Quel a été votre parcours de formation ?

Dans ma jeunesse, j’ai été marqué par la lecture du livre de C. W. Ceram, « Des dieux, des tombeaux, des savants » (1952). C’est sans doute aussi l’influence de mon père qui m’a incité à entreprendre une licence d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Université de Strasbourg.

Des vacations que j’ai effectuées au Service de l’Inventaire, alors dirigé par Roger Lehni, ont représenté pour moi un travail très formateur : j’y ai appris à faire des descriptions de monuments ou d’objets d’art, mais aussi à travailler en équipe et à parcourir le « terrain » dans différentes localités d’Alsace.

En 1969, j’ai participé à un chantier de fouilles dirigé par Olivier Pelon, qui venait de succéder à Daniel Schlumberger à la tête de l’Institut d’Histoire et Archéologie de l’Orient ancien de l’Université de Strasbourg. Cette fouille a eu lieu en Anatolie, à Porsuk (Turquie), qui est aussi le site où j’ai dirigé mes derniers chantiers de fouille.

L’année suivante est arrivé à cet institut un jeune maître de conférences, Jean Margueron, dont le charisme et l’enthousiasme séduisaient les étudiants. Je suis parti fouiller sous sa direction à Larsa (Irak).

Quel a été votre parcours professionnel ?

Suivant l’exemple de mon père, je me suis intéressé à la carrière de conservateur de musée.

J’ai réussi le concours national en 1974 et été nommé conservateur au département des Antiquités orientales du Musée du Louvre. J’ai travaillé sur le projet du « Grand Louvre » et ai notamment conçu (en collaboration) les actuelles salles assyriennes et anatoliennes.

À Strasbourg, j’ai présenté deux expositions « De Sumer à Babylone » (Bibliothèque municipale) et « Emar, un royaume sur l’Euphrate au temps des Hittites » (Musée Historique). Après avoir soutenu en 1989 une thèse concernant la glyptique syrienne antique, j’ai été nommé professeur à l’Institut d’Histoire et Archéologie de l’Orient ancien à l’Université de Strasbourg, à la tête duquel je suis resté jusqu’en 2014.
J’y suis encore actif en tant que professeur émérite et je dirige des thèses de doctorat.

Et l’archéologie de terrain ?

J’ai continué à participer aux nombreuses campagnes archéologiques menées par Jean Margueron en Syrie, en particulier sur le site de Mari, où j’ai pu fouiller jusqu’au déclenchement de la guerre en 2011.

J’ai moi-même dirigé plusieurs chantiers de sauvetage en Syrie et j’ai depuis quelques années repris la fouille du site de Porsuk (Turquie).

Avez-vous un jardin caché ?

C’est précisément un jardin, que j’entretiens soigneusement et dont je préserve la flore et la faune, dont la famille de hérissons qui y réside. J’aime en effet observer la nature : plantes, champignons, oiseaux, etc. Je m’intéresse aussi à la photographie, savoir-faire indispensable dans mon métier.

J’ai, entre autres, réalisé les photos illustrant certaines publications de mon père présentant des sculptures alsaciennes, en particulier celles du monument funéraire du Maréchal de Saxe dans l’église Saint-Thomas.

Dominique Beyer